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"Elles sont déjà là": les cigognes de retour dans le ciel alsacien

Les spécialistes et associations observent un changement au niveau des schémas migratoires des cigognes: certaines ne quittent plus le territoire pendant l'hiver, et d'autres reviennent dans la région beaucoup plus tôt qu'auparavant.

Elles prennent chaque année leurs quartiers dans le parc de l'Orangerie de Strasbourg. Avec l'arrivée des beaux jours, les cigognes, oiseaux emblématiques de la région, sont elles aussi de retour dans le ciel alsacien.

Elles sont même des dizaines à se percher sur les hauteurs du parc strasbourgeois, où leurs schémas migratoires sont observés de près par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) d'Alsace. Car avec le dérèglement climatique, les habitudes de ces oiseaux migrateurs changent elles aussi.

"Certaines espèces d'oiseaux vont adapter leur comportement migratoire en fonction de la nourriture qu'ils trouvent", explique Cathy Zell, chargée de mission de la branche locale de la LPO, au micro de BFM Alsace. "Si les hivers sont moins rigoureux en Alsace, certains individus ne vont plus migrer. Ou alors d'autres vont migrer moins loin."

Elles quittent moins la région l'hiver

Même constat à un peu moins d'une centaine de kilomètres de Strasbourg, dans la commune de Sarralbe (Moselle) à la frontière avec le Bas-Rhin. Depuis près de dix ans, le couple de cigognes Maurice et Mélodie sont devenus les coqueluches de la commune, et s'installent dans un nid perché sur le toit de la mairie.

Les oiseaux couvent actuellement trois œufs qui, d'ici une trentaine de jours, devraient voir éclore des petits cigogneaux. Les chanceux auront peut-être la chance de voir l'événement en direct sur la webcam installée par la ville près du nid, afin de suivre l'évolution des cigognes.

La webcam installée par la ville de Sarralbe, en Moselle, pour observer le nid des cigognes.
La webcam installée par la ville de Sarralbe, en Moselle, pour observer le nid des cigognes. © Ville de Sarralbe

Dominique Klein, spécialiste des cigognes et président de l'association des Cigognes du Grand-Est, a lui aussi remarqué un changement dans les habitudes du couple de cigognes.

"Il y a 40 ans, les cigognes revenaient au nid au mois d'avril. Maintenant, elles reviennent au 15 janvier, 20 janvier elles sont déjà là. Donc la nature est en train de changer", explique le spécialiste, qui note des comportements différents chez Maurice: "Il vient sur ce nid, là-haut, il ne va pas sur un autre nid. Et il le défend bec et ongles."

Maurice lui-même est revenu dans son nid très tôt cet hiver, puisqu'il y avait été observé dès le 10 décembre. Si les changements d'habitudes migratoires des cigognes sont directement liés au dérèglement climatique, cela n'est pas nécessairement synonyme de mauvaise nouvelle pour l'espèce. Au contraire, ces nouvelles habitudes pourraient même être à l'origine d'un plus grand taux de survie de ces oiseaux.

"Le réchauffement climatique est peut-être favorable aux cigognes, tout simplement parce que près de 2.000 d'entre elles restent en France, ne partent pas dans des voyages extrêmement meurtriers, qui génèrent pour les oiseaux de la première année, les cigogneaux, 75% de mortalité, et 30% les années suivantes", explique Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux.

En 2023, la commune de Sarralbe avait vu naître cinq cigogneaux. Mais le dernier, en retard sur les quatre autres, n'avait finalement pas survécu.

Cécile Mootz, Pierre Desmidt, David Bouteiller avec Laurène Rocheteau