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Contournement de Châtenois: pourquoi la validation d'une médiation ne signifie pas la fin des désaccords sur le projet

Le chantier est à l'arrêt depuis une décision de justice en mai dernier. L'association Alsace Nature dénonce une médiation "express" de la part de la Collectivité, qui souhaite reprendre rapidement les travaux.

Nouveau rebondissement autour du projet de contournement de Châtenois. La cour administrative d'appel de Nancy avait proposé le 20 juillet dernier une médiation entre la Collectivité européenne d'Alsace (CEA) et l'association Alsace Nature, qui s'opposent dans la réalisation de ce projet.

Une médiation acceptée par la CEA, mais qui ne signifie pas pour autant la fin des désaccords autour de ce projet, qui prévoit la création d'une route de 5 km pour contourner la commune de Châtenois, dans le Bas-Rhin.

Une médiation "express"?

Si la collectivité a accepté la proposition d'une médiation, elle souhaite toutefois que les discussions se fassent le plus rapidement possible afin de reprendre rapidement le chantier, à l'arrêt depuis une décision de justice en mai dernier.

Contactée par BFM Alsace, l'association écologiste Alsace Nature dénonce toutefois une "médiation express" qui ne relève selon elle pas d'une réelle volonté d'échange de la CEA, mais plutôt d'un "effet d'annonce". Le bureau de l'association doit se réunir en début de semaine prochaine pour prendre une décision concernant cette médiation.

Dès le lancement du projet en 2019, l'association avait déposé un recours administratif contre le projet de contournement de Châtenois. Le tribunal administratif de Strasbourg avait finalement rendu ses conclusions en mai dernier, donnant raison à l'association en stoppant les travaux, qui étaient alors quasiment terminés.

Le projet a déjà coûté 1,7 million d'euros

La justice avait annulé l'autorisation environnementale accordée par la préfecture du Bas-Rhin pour la construction de la route, pointant le non-respect de "plusieurs conditions majeures" posées par le code de l'environnement, rapportait alors l'AFP.

Le tribunal soulignait notamment le fait que 7 hectares de zones humides seraient détruits par le projet, pointant également l'absence de raison d'"intérêt public majeur" qui justifierait de porter atteinte aux "29 espèces protégées" (mammifères, oiseaux, reptiles...) présentes dans l'aire du projet.

"C'est ubuesque de juger quatre ans après le recours", avait de son côté dénoncé le maire de Châtenois, Luc Adoneth. "Le chantier est en phase terminale, ils en sont presque à la pose du macadam", a-t-il observé. "C'est une gabegie d'argent public, l'arrêt du chantier va coûter plusieurs millions d'euros à la CEA".

La CEA a en effet indiqué que les coûts liés au projet avaient déjà atteint 1,7 million d'euros, et continueraient d'augmenter de 250.000 euros par mois d'arrêt du chantier.

Adrien Beaujean avec Laurène Rocheteau