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Alsace: les piscines confrontées à la pénurie de maitres-nageurs

Cette pénurie s'accentue lors de la période estivale. Ce problème ne concerne pas seulement l'Alsace, mais toute la France.

Les piscines alsaciennes vont-elles pouvoir continuer à accueillir les baigneurs cet été? La question a le mérite d'être posée compte tenue de la pénurie de maîtres-nageurs à laquelle fait face la région durant la saison estivale.

Frappé par ces difficultés d'embauches, la ville de Mulhouse a même décidé de lancer une campagne de recrutement anticipée de ses maîtres-nageurs sauveteurs pour...l'année prochaine.

Les inscriptions, disponibles jusqu'au 15 septembre prochain, permettront à ceux qui le souhaitent de se former au Brevet National de Sécurité et de Sauvetage, en vue d'une (très) forte chance de recrutement à l'été 2023.

Mais avant de penser à l'été prochain, de nombreux établissements doivent déjà réussir à combler les manques de cet été. C'est notamment le cas au sein de l'établissement Aquavallées, situé à Bassemberg entre Colmar et Strasbourg et dirigé par Jean-Luc Bianchi, qui recherche désespérément des maîtres-nageurs.

D'ailleurs, le directeur de la piscine doit lui-même troquer sa chemise contre un maillot de bain et prêter main-forte à ses équipes. "On va réussir à ouvrir tous les jours, mais avec des horaires beaucoup plus restreintes, notamment sur les soirées de façon à pouvoir rester ouvert, notamment à l'extérieur sur les mois de juillet et d'août", confie ce dernier.

"Il me manque trois permanents, plus trois surveillants pour cet été", annonce Jean-Luc Bianchi au micro de BFM Alsace.

Une pénurie accentuée pendant l'été

Cette situation inquiétante ne concerne pas la seule région de l'Alsace. Toutes les piscines de l'Hexagone recherchent désespérément leurs précieux maîtres-nageurs pour assurer normalement l'accueil des nageurs.

"On a une page Facebook avec tous les maîtres-nageurs de France. On voit qu'il y a énormément d'annonces, mais pas uniquement dans des piscines. Il y a aussi des campings ou des plans d'eau qui recherchent énormément de maîtres-nageurs", confie Maximilien Kammerer, maître-nageur sauveteur, au micro de BFM Alsace.

Si la pénurie est accentuée durant la période estivale, dû notamment à la multiplication des nageurs à surveiller et à l'ouverture des bassins de baignade en extérieur, une autre cause inattendue peut aussi l'expliquer: la pandémie de Covid-19.

"Il y a vraiment très peu de personnel et très peu de personnes qui postulent. Des surveillants ont probablement changé de voie", s'interroge Jean-Luc Bianchi, le directeur d'Aquavallées à Bassemberg.

Beaucoup de saisonniers auraient décidé de ne pas revenir après la réouverture des piscines, il y a tout juste un an. "Il y a aussi des contraintes dans ce boulot ! On travaille les week-ends et parfois pendant des soirées", rapporte Maximilien Kammerer, maître-nageur sauveteur.

Longtemps fermés durant les confinements, les bassins ne souffraient pas de ce manque de personnel avant la crise sanitaire.

1000 personnes noyées chaque année l'été

Selon la Ligue de Natation, le constat est accablant et le problème risque de durer dans le temps. En effet, les formations proposées pour ces postes sont loin de faire salle comble, malgré de nombreux avantages.

"Quelqu'un qui vient, sa formation est prise en charge par l'Etat. Elle touche un salaire tous les mois pour être entre 12 et 24 mois plus tard, soit maître-nageur, éducateur sportif ou entraîneur", indique Stéphane Petzger, président de la Ligue Grand Est de natation.

"Dans toutes les collectivités, on recherche des maîtres-nageurs. C'est-à-dire qu'une personne qui entre aujourd'hui en formation aura non seulement la garantie d'un emploi, mais en plus le luxe de choisir où elle veut travailler", explique Stéphane Petzger, président de la Ligue Grand-est de Natation au micro de BFM Alsace.

Les spécialistes s'inquiètent non seulement de ne pas pouvoir accueillir dans de bonnes conditions les vacanciers et autres nageurs, mais surtout de voir l'apprentissage de la natation aux enfants menacé dans l'ensemble du pays. "Il y a plus de 1000 personnes qui se noient entre le 1er juin et le 30 août de chaque année. Ce chiffre-là, si on souhaite le réduire, il faut plus de personnel", s'inquiète encore ce dernier.

Matthieu Chanvillard avec Alixan Lavorel