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Affaire Sophie Le Tan: des anciennes compagnes de Jean-Marc Reiser témoignent de leur "peur"

Jean-Marc Reiser lors de son procès à la cour d'assises de Strasbourg le 27 juin 2022 pour le meurtre de Sophie Le Tan.

Jean-Marc Reiser lors de son procès à la cour d'assises de Strasbourg le 27 juin 2022 pour le meurtre de Sophie Le Tan. - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

Au deuxième jour du procès de Jean-Marc Reiser pour le meurtre de Sophie Le Tan, d'anciennes compagnes de l'accusé ont témoigné à la barre et ont fait part de leur "peur" face aux violences qu'elles ont subies.

"Je voulais partir sans être tuée": d'anciennes compagnes de Jean-Marc Reiser ont témoigné mardi devant les assises du Bas-Rhin de leur "peur" face à la violence à leur encontre de l'assassin présumé de Sophie Le Tan, capable de subitement "partir en vrille" et de "péter des câbles".

"Pour lui, les femmes c'est toutes des pantins, on les manipule et on gueule dessus" quand elles ne cuisinent pas ce qu'il veut, lance à la barre, d'une parole forte et rapide, celle fut sa dernière compagne.

"Il ne m'a pas tuée, j'ai eu de la chance"

Décrivant les coups et les "pulsions de colère" de celui qui fut condamné pour subornation de témoins à son encontre en mars, Anne s'arrêtera net un long instant quand son regard croise celui de l'accusé.

Avant elle, Isabelle avait évoqué sa liaison chaotique à l'été 1986 avec Jean-Marc Reiser quand elle le rencontre à l'occasion d'un job d'été de factrice à Strasbourg. L'homme devient vite pressant, elle finit par sortir avec lui "par faiblesse et pour avoir la paix".

"Une erreur, car la paix, je ne l'ai toujours pas", lâche Isabelle, très émue. Elle va vivre un calvaire avec celui qu'elle décrit comme "très habile pour la manipulation".

Un jour où elle lui fait faux bond, préférant aller à la piscine avec un ami, Jean-Marc Reiser, "en furie", la retrouve, la jette dans sa voiture et roule des kilomètres en l'insultant : "Je sens que la situation est très grave, (...) je suis terrorisée".

Arrivés dans une forêt, il la "projette au sol", lui "donne des coups de pied dans le ventre (...) J'avais peur qu'il m'étrangle", confie-t-elle, à quelques mètres d'un accusé impassible.

Elle finira par s'enfuir avec l'aide de son frère et partira s'installer à Brest, où Reiser ira la harceler avant de renoncer après de multiples cadeaux et lettres enflammées.

"Il ne m'a pas tuée, j'ai eu de la chance", souffle celle qui dit avoir "eu peur pendant dix ans".

"Il partait en vrille"

Par peur, Virginie sortait dans la rue avec un couteau en poche après son aventure d'un mois avec Jean-Marc Reiser à Bastia en 1990, qui vira au cauchemar dès qu'elle voulut y mettre un terme.

De cette courte relation, conclue dans le harcèlement et les insultes permanentes, elle se souvient encore de remarques étranges de celui qui dit s'imaginer "comme un roi à qui on apporterait des jeunes filles vierges" ou crie sans explication: "Ils ne trouveront jamais !".

"Monsieur Reiser vous ne pouvez pas le quitter, il faut que ça vienne de lui", abonde Joëlle, mère de sa fille née en 1992.

"Il partait en vrille" et "pétait des câbles", parfois pour des motifs futiles, se souvient celle qui a pu le quitter quand il a été mis en prison une première fois en 1997.

Elle se souvient d'une scène en vacances où, après une dispute avec la soeur de l'accusé pour une histoire de bonbons, Reiser l'avait jetée sur un lit puis dehors, "armé d'un couteau". "Il s'est enfui lorsque des témoins ont appelé les gendarmes", se rappelle Joëlle.

Il se plaint d'avoir été présenté "comme un monstre"

"Il y a des choses qui sont fausses et d'autres qui sont exagérées", a contesté Jean-Marc Reiser à l'issue d'une longue journée d'audience, admettant quand même avoir "parfois des réactions que j'ai du mal à contrôler".

"Tout ce qui est violence dans l'ensemble, c'est vrai, tout ce qui est rapports sexuels (décrits par la plupart comme sans tendresse, sans originalité, mais sans brutalité non plus, ndlr), c'est vrai", a-t-il fini par reconnaître.

Plus tôt, Jean-Marc Reiser, très volubile, s'était plaint d'avoir été présenté dans les médias "comme un monstre" depuis le début de l'affaire.

Multipliant les digressions pour tenter de faire oublier le portrait d'un homme décrit comme "seul" et "violent", celui qui a fini par reconnaître au bout de deux ans et demi avoir tué et démembré Sophie Le Tan s'est également plaint d'avoir été "désigné comme coupable" dès son arrestation, déclenchant des réactions indignées dans la salle.

Étudiante strasbourgeoise, Sophie Le Tan a disparu le jour de ses 20 ans après être allée visiter un appartement au nord de Strasbourg. Les preuves ont rapidement convergé vers Jean-Marc Reiser, qui a fini par avouer début 2021 avoir tué et démembré Sophie mais nie avoir prémédité son acte et lui avoir tendu un piège.

Les proches de Sophie Le Tan doivent quant à eux témoigner mercredi.

L.R. avec AFP