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Pourquoi le site Coco, utilisé pour des guet-apens, est toujours actif

Le site qui permet des discussions sans modération est régulièrement au cœur de faits divers violents.

Le site Coco fait encore parler de lui. Régulièrement évoqué dans de sordides actualités, il est au cœur d'une nouvelle affaire qui se déroule actuellement au tribunal correctionnel de Valenciennes. Onze hommes, âgés de 26 à 61 ans, sont jugés pour avoir eu des relations sexuelles, parfois tarifées, avec une collégienne de 14 ans.

Pour la contacter, ils sont donc passés par Coco.

Lancé en 2003, le site semble un peu figé dans le temps. Plutôt rudimentaire, voire austère, il rappelle les premiers forums et chats de discussion des années 2000.

Le site de tchat Coco.gg est souvent cité dans des affaires judiciaires.
Le site de tchat Coco.gg est souvent cité dans des affaires judiciaires. © DR

En réalité, il doit sa popularité à sa simplicité et ce supposé anonymat qu'il permet: il n'y a aucune inscription nécessaire pour entrer. On ne laisse pas d'email, pas de téléphone. Il suffit d'entrer un pseudo, déterminer son âge, son genre et son code postal.

Multiplication des faits divers

Ce semblant d'anonymat a fait de coco une plaque tournante des dérives sur internet. On y trouve des photos à caractère sexuel, parfois volées qui sont partagées entre les membres mais aussi des contenus pédopornographiques.

Le site est également connu pour être le point de départ de véritables guet-apens notamment contre des personnes homosexuelles. En 2018, un homme de 55 ans avait été assassiné après un faux rendez-vous pris sur Coco. Son meurtrier a été condamné à 20 ans de prison.

Autre affaire emblématique, c'est celle des viols de Mazan. Un homme de 67 ans droguait son épouse et la proposait pour des viols à des membres du forum. Son procès et celui de la cinquantaine d'hommes concernés aura lieu en septembre.

Au large de la France

Si les faits divers sont nombreux, le site échappe pourtant à l'interdiction malgré les appels répétés d'associations ou de familles de victimes. D'abord parce qu'il n'est plus en France: depuis 2022, il est immatriculé sur l'île anglo-normande de Guernesey et est possédé par une entreprise bulgare.

En clair, une fermeture ne peut pas être exigée par la France qui n'a aucune autorité sur ce territoire.

Le faux anonymat sur Coco

Même sans inscription, il est toujours possible de trouver la véritable identité d'un utilisateur de Coco. Chaque action sur le Web laisse une empreinte numérique via l'adresse IP qu'il est possible de remonter.

En réalité, la fermeture d'un tel site n'est pas une mince affaire: la jurisprudence européenne est très claire sur le sujet.

"Le transporteur d'une information n'est pas responsable du contenu", résumait pour BFMTV Me Alexandre Archambault, avocat spécialisé en droit numérique.

Autrement, cela signifierait, par exemple, qu'un opérateur télécom serait responsable pour des SMS appelant à un guet-apens…

Enfin, Coco est largement infiltré par la police, qui peut réaliser des arrestations en piégeant des criminels. L'année dernière, le chanteur Richard Dewitte du groupe "Il était une fois" avait été arrêté par un gendarme qui s'était fait passer pour une jeune fille de 13 ans.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business