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Manor Lords: qu'est-ce que ce jeu qui fait un carton sur Steam?

Lancé vendredi 26 avril en accès anticipé, Manor Lords est déjà un phénomène chez les amateurs de jeux de gestion et de stratégie.

Si depuis la fin des SimCity, le genre "city builder", autrement dit de construction de villes, a pris du plomb dans l'aile, des studios ont tenté de ravir le titre de champion avec les années. A l'automne 2023, Cities: Skylines II était lancé avec une certaine attente de la part des joueurs, mais le suivi du jeu n'a jusqu'ici pas convaincu.

Il aura fallu attendre le 26 avril 2024 pour voir débarquer un sérieux prétendant au titre, mais dont l'objectif n'est pas de nous projeter dans un univers réaliste, mais bien de nous faire repartir à l'époque médiévale dans l'unique but de devenir le meilleur seigneur du territoire. Manor Lords, c'est son nom, est donc un jeu de gestion et de stratégie utilisant le moteur graphique Unreal Engine pour apporter ce qu'il promet comme "un rafraîchissement" dans le paysage du genre.

D'autant qu'en plus du jeu de gestion médieval, Manor Lords se distingue par ses graphismes de haute volée et son aspect stratégique avec de véritables guerres inter-royaumes à planifier.

Un carton sur Steam

Le public a pris cette promesse très à cœur, et a répondu massivement présent pour le lancement en accès anticipé, où Manor Lords a dépassé le million de ventes en quelques jours sur Steam, avec un pic à 170.000 joueurs au même moment, sans oublier une disponibilité dans le Game Pass, la bibliothèque de jeux par abonnement de Microsoft, dès le premier jour.

Un succès surprise pour son éditeur, Hooded Horse, mais aussi pour son studio, Slavic Magic, qui en a profité pour révéler avoir suffisamment de fonds pour financer le reste du développement vers la version finale. D'autant que le studio ne fut pendant longtemps composé que d'une seule personne, un développeur polonais appelé Greg Styczen.

Derrière l'accès anticipé, qui doit durer un an, ce sont sept années de développement qui viennent de s'écouler. Aux origines, du développement sur RPG Maker 2000, avant un passage par Flash, puis l'Unreal Engine: "J'ai toujours rêvé de réaliser un RTS," expliquait-il à Epic Games il y a quelques semaines. Il confirme que si le plus gros du développement a été réalisé seul, il a fait appel à des prestataires externes pour plusieurs éléments: "Développer des jeux était un loisir, pour moi. Je le faisais à temps partiel, à côté de mon travail de vidéastes freelance. Je n'avais pas les moyens d'embaucher qui que ce soit."

Un développeur seul face aux critiques

Il dispose alors d'aides via Patreon et un fond créé par Epic: "C'est difficile de recruter! Ca n'accélère pas le développement comme par magie, mais la valeur de production augmente tout de suite."

Grâce à l'aide de Hooded Horse en tant qu'éditeur, Greg Styczen peut aussi se focaliser sur son jeu: "J'ai vraiment apprécié de pouvoir me concentrer exclusivement sur le développement du jeu. C'est peut-être lié à la popularité du jeu. En même temps, j'imagine que pour un jeu moins attendu, avoir un éditeur est encore plus important, parce qu'il faut user de toutes les tactiques possibles pour faire connaître son jeu."

Il ajoute avoir sous-estimé la quantité de travail nécessaire au développement d'un jeu vidéo, et avoir dû faire face aux visions de personnes non concernées par le projet: "Les gens vous disent de 'vous en tenir à votre vision' mais, dès que quelque chose ne leur plaît pas, ils n'hésitent pas à vous le faire savoir."

Greg Styczen révèle en outre vouloir porter son jeu sous Unreal Engine 5, la dernière version du moteur qui fait tourner quantité d'autres jeux, dont Fortnite: "Pour l'heure, la stabilité et la sortie du jeu dans les temps sont mes priorités," précise-t-il toutefois.

Dans l'accès anticipé, qui coûte 30 euros (ou est inclus dans le Game Pass), Manor Lords propose déjà plusieurs modes, dont un permettant de jouer à l'infini, un autre difficile, et un autre plus proche du mixe jeu de gestion/jeu de stratégie. Du contenu supplémentaire sera développé ces douze prochains mois "influencés par les retours reçus durant l'accès anticipé." Il semble donc que le succès ne fasse que commencer.

Sylvain Trinel