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L'Europe obtient gain de cause: iPadOS s'ouvrira à la concurrence à l'automne

Sommé par l'Union européenne d'ouvrir son écosystème à la concurrence, Apple a annoncé qu'iPadOS suivrait les pas d'iOS en acceptant les boutiques alternatives d'application et les webapps sans passer par l'App Store.

Il n'aura fallu que quelques jours pour qu'Apple obtempère aux injonctions de l'Union européenne. Lundi, la Commission européenne a exigé de la marque américaine qu'elle applique le règlement sur les marchés numériques (DMA) à son système d'exploitation iPadOS.

Après iOS en mars, le navigateur Safari ou encore l'App Store, iPadOS doit donc s'ouvrir à la concurrence. Jeudi, Apple a donc annoncé se plier aux exigences. Et dès l'automne prochain, des stores alternatifs pourront voir le jour sur iPad. La mise à jour sera intégrée à iPadOS 18.

"Les développeurs peuvent choisir d'adopter les conditions commerciales alternatives pour les applications dans l'UE (ou) de conserver les conditions existantes d'Apple", annonce le géant américain dans un communiqué.

Des conditions identiques à celles appliquées à iOS

Apple appliquera aux développeurs d'applications pour iPad les mêmes conditions qu'ils proposent des services sur l'App Store, la distribution web ou bien via des stores alternatifs, notamment sur les frais réclamés. L'entreprise a d'ailleurs revu ses conditions pour séduire un peu plus ses développeurs et les garder dans son giron.

A noter que les utilisateurs téléchargeant une même application sur iOS et iPadOS en l'espace de 12 mois ne "généreront qu'une première application annuelle", afin de ne pas affecter les petits développeurs qui ne paient pas de Frais technologiques de base (Core Technology Fee - CTF) s'ils affichent moins d'un million de téléchargements ou moins de 10 millions de revenus commerciaux annuels.

C'est cette fameuse taxe à 50 centimes qui avait fait grand bruit et poussé certains développeurs à renoncer à l'Europe, mais aussi l'Europe à faire part de son mécontentement quant à l'application du DMA par Apple.

Cela avait abouti à avoir des applications payantes sur des stores alternatifs en Europe, mais gratuites sur l’App Store ailleurs dans le monde, comme pour l’émulateur Delta. Désormais, Apple annonce que "99% des développeurs concernés" par ses conditions devraient se voir exonérés de la fameuse taxe, en Europe comme ailleurs.

Apple protège son écosystème, mais s'expose à la concurrence

Pour sauver la face en Europe, Apple poursuit donc son opération séduction auprès des développeurs qui pourraient être tentés de répondre aux sirènes des stores alternatifs afin d'éviter la commission de 15 ou 30% de l'App Store (10 à 20% sur le store européen).

Apple va distinguer 4 catégories de développeurs:

  • les petits développeurs avec un chiffre d’affaires de moins de 10 millions d’euros par an
  • les développeurs non commerciaux avec des apps gratuites sans but lucratif qui ne génèrent aucun revenu physique, numérique ou publicitaire (étudiant, amateurs, etc.)
  • les développeurs avec un chiffre d'affaires entre 10 et 50 millions d'euros
  • les développeurs à plus de 50 millions annuels.

Les deux premières catégories seront exonérées de la CTF "durant trois ans" si elles ne changent pas de statut. La troisième devra s'acquitter d'une taxe plafonnée à 1 million d'euros. Pour la dernière catégorie qui regroupe les ténors des stores, elle reste à 50 centimes par téléchargement après un million d'installations.

La majorité des développeurs ne seront plus soumis à la taxe et pourront continuer de proposer leur application sur l'App Store, en web app (téléchargement depuis un site web) ou sur des stores alternatifs gratuitement.

Si avec ce geste, Apple peut espérer garder les développeurs dans son giron, la situation pourrait aussi laisser la porte grande ouverte à un regroupement de développeurs dans des boutiques alternatives plus facilement avec la fin de la taxe supplémentaire pour le plus grand nombre.

Plus que jamais, Apple va devoir vanter les mérites de sa proposition et de la sécurisation de son environnement pour éviter les fuites d'apps, notamment des petits développeurs et futures stars des smartphones et tablettes en devenir. Les gros comme Netflix, Epic ou Spotify devront, quant à eux, continuer de payer pour le bien commun.

Melinda Davan-Soulas