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Caen: la faculté de médecine visée par une enquête pour son bizutage

Le week-end d'intégration de la faculté de médecine de Caen, prévu en fin de semaine, a été annulé. En cause: l'ouverture d'une enquête après des soupçons de bizutage, qui serait survenu lors de ce même week-end d'intégration, l'an dernier.

A la faculté de médecine de Caen, le week-end d'intégration 2017, prévu à la fin de la semaine et qui affichait d'ores et déjà complet, n'aura finalement pas lieu. Les étudiants de deuxième année ont été prévenus de cette annulation de dernière minute, ce lundi 23 octobre.

La raison de cette décision, prise par la présidence de l'université? L'ouverture d'une enquête par le parquet après le signalement de soupçons de bizutage lors de ce même week-end d'intégration, en 2016. Deux syndicats étudiants ont signalé les faits à la justice, après avoir recueilli de nombreux témoignages. 

Un dossier complet de témoignages 

Le syndicat SUD Education Calvados a envoyé à la justice, au rectorat et au président de l'université Caen-Normandie, un dossier rassemblant des pièces collectées depuis plusieurs mois, notamment des témoignages, des photos, des vidéos, ou encore des captures d'écran de messages publiés sur Internet, montrant ou racontant des dérives, souvent à caractère sexuel ou dégradant, que les nouveaux étudiants de deuxième année avaient été incités à faire dans le cadre du week-end d'intégration, rapporte Le Monde.

Parmi les documents, des clichés montrant des étudiants dans des positions humiliantes, ou encore des photocopies de poitrines d'étudiantes accrochées au mur du local des organisateurs du fameux week-end. 

"Des étudiantes se sont plaintes de s'être retrouvées dans des soirées d'intégration en totale insécurité. Tout était mis en place pour que la situation dérape, à travers des 'commandements' (des défis à relever, ndlr)", résume au micro de BFMTV Clément Danjou, représentant du syndicat SUD Education Calvados.

Une liste de "commandements"

Lors de l'édition 2016 du week-end d'intégration, ces "commandements" étaient au nombre de 69. Parmi ces défis: ramper dans des excréments, manger de la pâtée pour chien, courir nu dans la rue, ou bien avaler un poisson rouge vivant. 

"Les actes devaient être filmés et étaient publiés sur Facebook. C'est de l'humiliation, de l'agression, qui n'est pas tolérable", fait valoir Bérangère Lareynie, également membre de SUD Education Calvados. 

Des défis au seuil de la légalité, qui ont poussé la faculté à annuler l'édition 2017 de l'événement. Une décision saluée par les associations anti-bizutage. "C'est en quelque sorte la première sanction. Et puis c'est aussi préserver les futures victimes", estime Marie-France Henry, présidente du Comité national contre le bizutage. "On sait que les dégâts, aussi bien psychologiques que physiques, peuvent-être très graves". 

La procureur de la république de Caen, Carole Etienne, a d'ores et déjà commencé les auditions. Selon elle, si les faits illégaux sont avérés, les responsables risquent une sanction pénale. 

Adrienne Sigel, avec Julien Migaud-Muller et Guillaume Garet