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Saint-Etienne

Chantage à la sextape à Saint-Etienne: des agents municipaux entrent de force dans la mairie

En pleinte tempête politico-judiciaire, la mairie de Saint-Étienne a été investie ce jeudi matin par des agents municipaux qui dénoncent des conditions de travail "intenables".

"Les révélations sur le maire ont créé un véritable séisme" pour les agents municipaux de Saint-Étienne. C'est dans ce contexte que 120 d'entre eux se sont introduits dans l'Hôtel de Ville ce jeudi matin.

"Ça a été un peu houleux au début mais nous avons pu monter dans les étages dans le calme pour faire entendre notre colère", raconte Sylvain Valla, secrétaire général de la CGT à Saint-Étienne, contacté par BFMTV.com.

Situation "intenable"

L'édile, Gaël Perdriau, et sa garde rapprochée figurent au cœur d'une enquête judiciaire pour "atteinte à l'intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par une personne chargée d'une fonction publique, abus de confiance et recel de ces infractions".

Ils sont soupçonnés d'avoir filmé en 2014 et à son insu Gilles Artigues, ex-premier adjoint au maire, en train de se faire masser par un homme dans une chambre d'hôtel. Selon les révélations de Mediapart, ce groupe aurait ensuite fait chanter Gilles Artigues grâce à cette vidéo, ceci dans le but de le neutraliser politiquement.

"La révélation de cette affaire nous a profondément choqués, réagit le représentant syndical. C'est intenable de travailler dans de telles conditions. Nous demandons un moratoire sur les décisions prises par Gaël Perdriau depuis 2014 puisque sa probité est sérieusement remise en question", poursuit-il.

Les manifestants réclament également que le maire et son équipe se retirent de la vie politique le temps de l'enquête. "Nous en avons besoin pour travailler sereinement", affirme Sylvain Valla.

"C'en est trop!"

Ce scandale politico-judiciaire qui frappe les dirigeants de la mairie est "la goutte d'eau qui fait déborder le vase". Depuis plusieurs années, les agents municipaux dénoncent leurs mauvaises conditions de travail:

"Les décisions de Gaël Perdriau ont toujours été prises au désavantage des agents. On nous a supprimé huit jours de congés payés, en augmentant notre temps de travail d'une heure par semaine. Jamais d'augmentation accordée... Et maintenant cette affaire, où l'on apprend que de l'argent public a servi à financer ce chantage, c'en est trop!", souffle Sylvain Valla.

Toujours selon Mediapart, des subventions municipales attribuées officiellement à deux associations auraient en réalité servi à sortir de l'argent des caisses de la mairie pour payer l'homme qui a tourné la vidéo litigieuse.

L'intrusion des agents municipaux dans la mairie a débouché sur un entretien d'une heure avec le directeur général des services qui leur a promis de faire remonter leurs réclamation au cabinet du maire et de leur apporter une réponse d'ici lundi. En attendant, ils ont reconduit leur mouvement de grève jusqu'à vendredi matin, au moins. "Et d'autres services pourraient bien débrayer avec nous", prévient le représentant syndical.

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV