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Réouverture du pays mi-mai: les ministres affichent leur prudence sur le calendrier de Macron

Jean-Michel Blanquer, Jean Castex et Bruno Le Maire sur le perron de l'Elysée, le 3 septembre 2020

Jean-Michel Blanquer, Jean Castex et Bruno Le Maire sur le perron de l'Elysée, le 3 septembre 2020 - AFP / Ludovic Marin

Plusieurs membres de l'exécutif ont été interrogés par différents médias ce dimanche sur le calendrier évoqué par le président le 31 mars. Tous s'en remettent à l'évolution de la pandémie et de la vaccination.

Petite ou grande, une prudence reste une prudence. Invité de Questions politiques ce dimanche sur France Info, Jean-Michel Blanquer a fait usage du terme s'agissant de la réouverture des établissements scolaires, prévue pour début mai. Cette échéance pourrait-elle être décalée?

"Normalement, non. (...) On est toujours obligé d'avoir un adverbe de prudence depuis le début de cette crise", a répondu le ministre de l'Éducation nationale en esquissant un sourire en coin.

C'est qu'à l'instar des Français, le gouvernement est déjà passé par là il y a un an. Avec la pandémie et ses aléas, il devient presque impossible pour nos gouvernants de "cranter" les choses, pour reprendre un mot abondamment utilisé dans la sphère politique. Il en va de même pour une autre échéance, celle de la réouverture des bars, restaurants et lieux culturels, évoquée par Emmanuel Macron mercredi soir. Dire que tout le monde l'attend avec impatience serait un euphémisme.

"Besoin de pouvoir nous projeter"

Or dans son allocution, le chef de l'État a cranté le calendrier, en prenant les précautions de langage nécessaires. "Nous allons bâtir entre la mi-mai et le début de l’été un calendrier de réouverture progressive pour la culture, de sport, le loisir, l’événementiel, nos cafés et restaurants", a-t-il promis le 31 mars.

Logiquement interrogés sur la traduction concrète de cette phrase, les membres du gouvernement invités sur les plateaux de télévision ce dimanche ont botté en touche. Au micro du Grand rendez-vous Europe 1/Les Échos/CNews, Marlène Schiappa a salué le fait qu'Emmanuel Macron donne "une perspective, même si elle est approximative et même si elle est lointaine".

"Si les gens pensent qu'ils échappent au virus et vont dans des restaurants clandestins de luxe et si d'autres vont dans des carnavals, oui, ça risque d'être plus long. Mais si chacun continue à respecter les mesures, comme l'immense majorité des Français le fait depuis le début, nous pouvons tenir cet objectif, qui est un objectif partagé", a développé la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté.

Autrement dit, il n'en tient qu'aux Français de permettre à l'exécutif de respecter son bornage. En attendant, dixit Marlène Schiappa, "nous avons besoin de pouvoir nous projeter dans quelque chose de positif".

"Je ne veux pas me perdre en conjectures, mais l'amélioration de la situation sanitaire, elle dépend aussi de notre capacité collective à respecter les mesures sanitaires", a-t-elle tout de même ajouté.

"Être prêt"

Son homologue de Bercy, Bruno Le Maire, a produit le même son de cloche lors de son passage au Grand jury RTL/Le Figaro/LCI. "Je ne prendrai d'engagement sur le calendrier, mais on sait que c'est une affaire de semaines", a déclaré le ministre de l'Économie et des Finances.

"C'est la situation sanitaire et le développement de la vaccination qui dicteront le calendrier. Mais je pense qu'il est sain, responsable, comme l'a fait le président de la République, ne serait-ce que d'un point de vue psychologique, de fixer un calendrier pour les Français, un calendrier pour les restaurateurs", a-t-il ensuite affirmé.

Ce calendrier se déroulera-t-il comme prévu? "Ça nous oblige tous à travailler", s'est félicité Bruno Le Maire, qui dit avoir commencé à évaluer les conditions de la réouverture avec le ministre des PME, Alain Griset, et le secrétaire d'État chargé du Numérique, Cédric O. "Pour être prêt. Le maître mot, ça doit être d'anticiper", juge le maître de Bercy.

"Je préfère vous décevoir et être honnête, et cohérent, plutôt que de vendre des illusions aux Français. Nous avons un rendez-vous à la mi-mai. À la mi-mai, nous ferons le point sur la situation sanitaire et sur le développement de la vaccination. Si à la mi-mai les conditions sanitaires sont remplies, nous verrons quels sont les types d'activités qui pourront reprendre", a-t-il prudemment ajouté.

Les Français pourraient-ils envisager de voir quelques terrasses rouvrir à temps pour le pont de l'Ascension? "J'espère que ce sera possible, mais je ne peux prendre aucun engagement", a conclu Bruno Le Maire. Prudence.

Jules Pecnard Journaliste BFMTV