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"Un fiasco": la commission d'enquête du Sénat étrille le fonds Marianne lancé par Marlène Schiappa

Les sénateurs ont rendu un rapport au vitriol à l'encontre du dispositif porté par l'ex-ministre déléguée à l'Intérieur. Ils dénoncent "un mélange des genres qui n'est en aucun cas acceptable" et une "opération de communication" de la secrétaire d'État. "Certaines de ses prises de paroles" ont encore été jugées "consternantes" par les sénateurs.

Des conclusions accablantes pour Marlène Schiappa. Les sénateurs ont rendu ce jeudi après-midi leur rapport sur le Fonds Marianne lancé lorsque l'actuelle secrétaire d'État à la vie associative était ministre déléguée à l'Intérieur en 2021.

"À toutes les étapes de ce fonds, le manque de rigueur, l'opacité et la désinvolture ont mené à ce fiasco", a lancé d'entrée de jeu le rapporteur Jean-François Husson (LR).

"Il y a eu un mélange des genres qui n'est en aucun cas acceptable", a encore jugé Claude Raynal, le président (PS) de la commission d'enquête.

Schiappa avait nié toute implication directe

Ces conclusions n'ont rien d'une surprise. Marlène Schiappa n'avait guère convaincu les sénateurs lors de son audition le 14 juin dernier. Officiellement, ce fonds avait pour but de "financer des personnes et associations" qui portent "des discours pour promouvoir les valeurs de la République et pour lutter contre les discours séparatistes".

Interrogée sur cette initiative, lancée en 2021 par ses soins après la mort de Samuel Paty, l'ex-ministre chargée de la Citoyenneté avait bien reconnu des "dysfonctionnements" tout en niant son implication directe. "Les choses auraient pu être faites différemment", avait-elle cependant reconnu.

Un rapport au vitriol de l'inspection générale de l'administration (IGA) avait déjà pointé "le traitement privilégié" accordé à certaines associations lauréates tout comme "des défaillances".

"Amateurisme" de Marlène Schiappa

La réalité du travail effectué par certaines d'entre elles, dont l'USEPPM qui a bénéficié de 355.000 euros, la plus grosse subvention attribuée, n'a pas non plus convaincu les sénateurs qui évoque "le suivi très faible" de l'administration sur l'usage de ces fonds.

"Ce sentiment d'amateurisme se retrouve dès le lancement" de ce dispositif par le fait "qu’aucun compte-rendu ni relevé de décisions n’explicitent les choix réalisés par le comité de sélection", regrettent encore les parlementaires.

"Le flou qui entourait les procédures a permis à chacun des responsables de tenter d’éluder leur responsabilité propre", a encore avancé le rapporteur Jean-François Husson, qui souligne "l'absence d'une véritable implication politique" de Marlène Schiappa, une fois le fonds lancé.

L'ex-ministre "n'honore pas la mémoire" de Samuel Paty

Devant la commission d'enquête, l'ex-ministre déléguée n'avait pourtant eu de cesse d'indiquer que "le politique impulse et l'administration s'occupe de l'ingénierie" pour tenter de se justifier.

Avec des manquements manifestes: l'association Reconstruire en commun, lauréate du fonds, avait par exemple touché 300.000 pour quelques dizaines de vidéos, visant notamment la maire de Paris, Anne Hidalgo, loin de la lutte contre la radicalisation.

"La façon dont la ministre a passé son temps à se défausser et à me dire qu'elle n'avait pas compris mes questions pour ne pas répondre précisement, ça n'honore pas la personne ni la promesse faite à la mémoire d'une victime", s'est encore agacé le rapporteur Jean-François Husson.

"Certaines de ses prises de paroles étaient de mon point de vue consternantes et affligeantes", a fait savoir de son côté le président de la commission d'enquête Claude Raynal.

Ces conclusions ont de quoi fragiliser encore un peu plus Marlène Schiappa, dont l'étoile a déjà pâli après sa couverture du magazine Playboy jugée "inappropriée" par Marlène Schiappa.

Marie-Pierre Bourgeois