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Parlement

"Lâchez nos utérus": la charge de Sandrine Rousseau contre la droite et l'extrême-droite sur la natalité

"Nos ventres ne sont pas la variable d'ajustement de votre réforme des retraites", a lancé la députée EELV de Paris dans l'hémicycle, alors que les parlementaires débattaient du financement des retraites par la natalité.

Pour mieux financer les retraites, jouer sur la natalité? C'est la proposition des élus du Rassemblement national depuis le début des débats sur la réforme des retraites. Lors de l'examen du projet de loi à l'Assemblée nationale ce mercredi, un amendement défendu par le LR Thibault Bazin a provoqué des discussions entrainant la colère de nombreuses femmes dans l'hémicycle.

Le parlementaire Les Républicains proposait de "baisser le taux de CSG sur les revenus d’activités des mères de famille" en fonction du nombre d'enfants à charge. "Sans enfant demain, il n'y aura pas de renouvellement de générations", a-t-il dit pour cette mesure qui vise selon lui "à mieux soutenir les mères de familles qui travaillent."

Amendement LR soutenu par le RN

"Une retraite par répartition n'est concevable qu'avec une pyramide des âges favorable", a argumenté son collègue Marc Le Fur.

Le gouvernement, par la voix de Gabriel Attal, a donné un avis défavorable à cet amendement. "Mais [nous sommes] en ligne avec vous sur les objectifs", a dit le ministre à Thibault Bazin.

"La natalité est la grande absente avec la productivité de votre réforme des retraites", a ensuite lancé Laure Lavalette (RN).

"Aucune ambition sociale de ce pays n'aurait pu être faite si nous n'avions pas eu une natalité florissante", a-t-elle dit, accusant "la gauche" de "culpabiliser les femmes qui veulent avoir des enfants."

"Nos ventres ne sont pas une variable d'ajustement"

"Un conseil: lâchez nos utérus!", a répondu Sandrine Rousseau. "Si vous souhaitez aider les femmes, faites l'égalité salariale, le congé paternité équivalent au congé maternité", a-t-elle lancé.

"Laissez partir les femmes avant 64 ans avec les trimestres acquis. Retirez votre réforme! Nos ventres ne sont pas la variable d'ajustement de votre réforme des retraites"

Après elle, Sophia Chikirou (LFI) a ajouté que cette réforme est "antiféministe et va à l'encontre des femmes". "Arrêtez de réduire les femmes à leurs ventres et au fait de faire des enfants", a-t-elle déclaré.

"Nous sommes au XXIème siècle"

Bien qu'elle défende la réforme des retraites, la macroniste Thévenot a aussi pris la parole pour dénoncer les arguments du RN. "Voilà que vous sortez de votre grotte pour raviver non pas vos vieux démons mais vos démons actuels. [Selon vous,] il y a un problème, c'est les femmes", a-t-elle lancé. "Merci pour vos leçons, mais on passera."

"Nous sommes au XXIème siècle, plus en 1945. Merci de revenir au monde réel", a aussi dit Karine Le Bon, députée GDR.

L'amendement a été finalement rejeté largement par les députés, qui ont terminé leurs débats peu après minuit. Ils reprendront l'examen de la réforme ce jeudi matin, à partir de neuf heures, jusqu'à vendredi soir.

Ariel Guez