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Meurtre de Lola: "Non", Zemmour n'aurait pas organisé de manifestation si la suspecte n'était pas étrangère

Pour le polémiste et président de Reconquête, condamné pour "provocation à la discrimination raciale", "un crime commis par un étranger sur un Français", n'est pas de la "même eau" qu'un crime "commis par les Français".

Éric Zemmour aurait-il participé à un rassemblement en l'honneur de Lola si la principale suspecte du meurtre n'était pas étrangère? "Non", répond l'ex-polémiste sur BFMTV-RMC ce jeudi. Pour lui, il y a une différence entre le crime de "cette femme algérienne", et celui "commis par les Français".

"Ce n'est pas de la même eau", insiste-t-il.

Éric Zemmour appelle cela un "francocide": "Un crime commis par un étranger sur un Français". Celui qui est accusé par plusieurs femmes d'agressions sexuelles prend exemple sur les féminicides, expliquant que ce meurtre n'est pas qu'un "seul crime individuel et qu'il incarne quelque chose historiquement et politiquement".

Depuis le meurtre de Lola, l'extrême droite et certains élus de droite insistent sur le fait que la principale suspecte était sous le coup d'une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Marine Le Pen a ainsi taxé le gouvernement de "laxisme migratoire" mardi lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

Ce jeudi, il se rendra, avec différents élus de son parti Reconquête, à un rassemblement organisé par l'"Institut pour la Justice", une association dont il est proche. Cela, alors-même que la famille a fait savoir qu'elle ne voulait "surtout pas de récupération politique". Les parents de Lola rendront ainsi un hommage à leur fille ce vendredi à Fouquereuil, dans le Pas-de-Calais, où le père de l'enfant a grandi.

"C'est justement parce que je la respecte (la famille) que je fais tout cela", répond Éric Zemmour.

Selon l'ancien éditorialiste du Figaro, "cette histoire dépasse [les] parents" de Lola et concerne "toute la France". Il évoque ainsi "d'innombrables crimes commis dans les années précédentes par des étrangers clandestins".

Même si Éric Zemmour réfute toute "récupération" politique, sa défense est mise à mal par plusieurs éléments. Comme l'a révélé BFMTV, des membres du parti ont promu le hashtag "ManifPourLola" sur les réseaux sociaux, acheté des noms de domaine et lancé une pétition qui leur permet au passage de récupérer illégalement des données et donc de les exploiter politiquement.

"Samuel Lafont (en charge du numérique à Reconquête) s'en est occupé pour son association au départ (association dont le nom est Damoclès, NDLR)", s'est défendu Éric Zemmour, indiquant que ce dernier est "autonome".

Tout en refusant de critiquer la portée de ces actes: "Il n’a rien fait de mal. Il a simplement rassemblé des informations pour indiquer aux gens où est-ce qu’il y avait des manifestations en France sur cette affaire", a-t-il ainsi jugé.

"L'utilité de Reconquête"

Initialement, plusieurs élus du Rassemblement national, dont Jordan Bardella, président par intérim du parti, avaient prévu de participer au rassemblement organisé ce jeudi par "l'Institut pour la Justice", association réputée proche d'Éric Zemmour.

Finalement, les membres du parti d'extrême droite tournent les talons en raison de la "volonté de la famille", explique Marine Le Pen sur Europe 1 ce jeudi.

"La manifestation à laquelle nous devions participer (...) a fini par s'éloigner de la nature de l'hommage que nous souhaitions rendre", a-t-elle ajouté.

"Je ne me mêle pas des autres, ils font ce qu'ils veulent", rétorque Éric Zemmour. Lequel veut croire que cela démontre "l'utilité de Reconquête" alors même que le parti n'a récolté aucun siège aux dernières législatives et que son candidat à la présidentielle n'a pas réussi à dépasser les 7%. Lui, préfère souligner qu'il a "fini quatrième".

Baptiste Farge