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Affaire Penelope Fillon: un scandale, plusieurs issues possibles

Penelope et François Fillon le 2 mars 2011.

Penelope et François Fillon le 2 mars 2011. - LIONEL BONAVENTURE / AFP

Après avoir dans un premier temps balayé les accusations, François Fillon a semblé ce jeudi prendre la mesure du scandale provoqué par les révélations du Canard enchaîné sur les soupçons d'emploi fictif de sa femme. En pleine campagne présidentielle, la déflagration provoquée par l'ouverture d'une enquête du parquet financier pourrait rebattre profondément les cartes.

Tout s'est accéléré en seulement quelques heures. Depuis les révélations du Canard enchaîné mercredi, qui accuse Penelope Fillon d'avoir occupé un emploi fictif comme assistante parlementaire pour son mari, la polémique ne cesse de prendre de l'ampleur. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à voir comment la défense de François Fillon a évolué au fil des heures.

Dans un premier temps, le candidat à la présidentielle a dénoncé des "boules puantes", puis la "misogynie" du plumitif, balayant les accusations. Mercredi soir, alors que le parquet financier a ouvert une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits, le candidat a changé son fusil d'épaule, demandant à être reçu "dans les plus brefs délais" par le parquet national financier.

Il a aussi accepté la nécessité de s'expliquer, à la fois face à la justice par le biais de son avocat qui a remis des pièces aux enquêteurs, et face aux Français en se rendant sur le plateau de TF1 le soir même. 

Que risquent les époux Fillon?

Au-delà de ces différents éléments, peu de certitudes pour le moment, si ce n'est que l'enquête prendra du temps, et qu'elle consistera donc en grande partie à prouver l'existence du travail de Penelope Fillon. Car le problème n'est pas tant qu'elle ait travaillé comme collaboratrice pour son mari, ni le fait qu'elle ait été payée jusqu'à 7.900 euros par mois. Le problème est que de nombreux politiques et assistants parlementaires affirment qu'ils ignoraient sa qualité de collaboratrice. 

En tant qu'employeur, François Fillon peut être mis en examen si l'emploi fictif est avéré. Pour le chef d'accusation de détournement de fonds publics, la peine maximale encourue est de 10 ans de prison et 1 million d'euros d'amende, auxquels peut s'ajouter une peine d'inéligibilité. Pour l'autre volet de l'enquête, qui concerne des soupçons d'abus de biens sociaux, en lien avec l'emploi qu'occupait Penelope Fillon à la Revue des deux mondes, la peine maximale est de 5 ans de prison et 375.000 euros d'amende. 

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La prescription peut-elle s'appliquer?

Les derniers salaires évoqués par Le Canard enchaîné remontent à 2012, soit il y a cinq ans. Pénalement, les faits sont prescrits, puisqu'ils ne peuvent être jugés que pendant trois ans. Mais si la justice prouvait que les faits ont été volontairement dissimulés, alors la date prise en compte serait celle de la révélation des faits, soit le mois de janvier 2017, comme l'explique Bruno Dondero, professeur de droit à l'Université Paris I, sur son blog.

Un coup d'arrêt dans la campagne

A trois mois de l'élection présidentielle, l'affaire marque un coup d'arrêt dans la campagne de François Fillon, qui misait sur son meeting de dimanche à La Villette pour donner une nouvelle dynamique à sa candidature. Ce rendez-vous, dont François Fillon voulait faire un événement comparable au discours du Bourget du candidat Hollande, sera forcément parasité par l'actualité comme l'a été son déplacement à Bordeaux aux côtés de Alain Juppé. 

D'autant que le François Fillon d'il y a quelques mois est le pire ennemi du François Fillon d'aujourd'hui. Le 24 novembre 2016, il déclarait sur le plateau de France 2, lors du dernier débat de la primaire:

"On ne peut pas diriger la France si on n’est pas irréprochable. Il y aura toujours des gens pour expliquer qu’il y a la présomption d’innocence, mais l’expérience qui a été la mienne montre qu’on ne peut pas sereinement diriger un ministère quand on a sur le dos une suspicion qui a entraîné une instruction judiciaire". 

Le projet du candidat pourrait être inaudible

Comme le souligne ce jeudi Le Monde dans son éditorial intitulé "le poison du soupçon", avec ce scandale, c'est tout le projet du candidat qui risque de devenir inaudible. 

"Comment demander aux Français des efforts pour redresser les comptes publics, comment plaider la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires, comment déclarer la guerre à l’assistanat si les révélations de ces derniers jours s’avèrent peu ou prou fondées?", s'interroge le quotidien du soir. 

Quant à sa candidature à la présidentielle, rien ne dit qu'elle soit en danger. Mais ni les statuts ni la charte de la primaire ne précisent ce qui pourrait se passer dans le cas où le candidat désigné déciderait de ne pas se présenter, ou se retrouve dans l'incapacité de le faire. 

Charlie Vandekerkhove