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Olivier Véran juge que la stratégie "des résultats" n'a pas suffi à "faire baisser" Marine Le Pen

Olivier Véran à l'Élysée le 11 octobre 2023

Olivier Véran à l'Élysée le 11 octobre 2023 - Bertrand GUAY / AFP

Le porte-parole du gouvernement accuse le RN de "vouloir gagner par la ruse", l'accusant de s'être trouvé pour "nouvel ennemi les musulmans". Olivier Véran prend également ses distances avec Emmanuel Macron qui avait expliqué que le gouvernement ferait baisser l'extrême droite avec des résultats et "en répondant aux défis du pays".

Deux jours après la marche contre l'antisémitisme à Paris qui a réuni 105.000 personnes, la présence du Rassemblement national ne passe toujours pas pour Olivier Véran. Le porte-parole du gouvernement qui avait déjà jugé que le parti dirigé par Jordan Bardella n'avait "pas sa place" dans cette manifestation, persiste et signe.

"Est-ce que le RN a changé? C'est ce que j'entends depuis quelques jours. D'abord, il y a 10 ans, on n'aurait même pas posé la question du RN dans une manifestation contre l'antisémitisme", remarque le ministre ce mardi sur France inter.

Des "résultats" qui ne font "pas baisser le RN"

Avant de lancer: "Évidemment que c'est par les résultats de nos politiques qu'on fera baisser les extrêmes, en baissant les impôts, en créant de l'emploi mais il se trouve qu'on le fait depuis des années et que ça ne fait pas baisser le RN".

C'est pourtant la stratégie adoptée par Emmanuel Macron. Le chef de l'État avait demandé à ses ministres d'éviter de combattre ce parti avec "les mots des années 90" et des "jugements moraux" en mai dernier. Il avait également appelé à "répondre aux défis du pays" en citant "l'ordre" et"les services publics" pour faire sortir "les gens du désespoir".

Cette sortie avait été considérée comme un recadrage d'Élisabeth Borne qui avait accusé le RN d'être "un héritier de Pétain". La Première ministre a d'ailleurs jugé en amont de la marche que la présence du RN "ne trompait personne".

Des votes "extrêmement régressifs" au Parlement européen

Si la participation du groupe de Marine Le Pen à cette manifestation pour contrer l'explosion des actes antisémites depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, a fait grincer des dents une partie de la majorité, d'autres s'en sont accommodés à l'instar d'Édouard Philippe.

L'ancien Premier ministre a ainsi indiqué sur BFMTV "prendre tout le monde", RN compris dans la lutte contre l'antisémitisme, tout en rappelant combattre ce parti politique.

Le cofondateur du RN, Jean-Marie Le Pen, a été condamné à six reprises pour des propos antisémites. Pierre Bousquet, avec qui le mouvement avait été lancé, était, lui un ancien Waffen SS. De quoi donner des arguments pour discréditer le parti désormais dirigé par Jordan Bardella, juge encore Olivier Véran pour qui le parti n'a pas changé.

"Ils peuvent vous dire qu'ils défendent l'IVG, qu'ils sont progressistes (...) tout en s'associant à l'extrême droite au Parlement européen pour voter des textes extrêmement regressifs sur les droits des individus", tance ainsi le porte-parole du gouvernement.

"Les musulmans", "nouvel ennemi" de Marine Le Pen

Marine Le Pen s'est affiché à plusieurs reprises aux côtés du Premier ministre hongrois Viktor Orban, dans le viseur de la justice européenne après de nombreuses entorses à l'état de droit notamment sur la question des personnes LGBT.

"C'est le propre de l'extrême-droite que de muter pour gagner par la ruse!", analyse encore Olivier Véran qui accuse encore le mouvement de s'être trouvé un "nouvel ennemi": "les musulmans".

Marine Le Pen avait déjà réagi la semaine dernière aux propos d'Olivier Véran qui jugeait que le RN n'avait "pas sa place" dans la marche, l'accusant de "chercher des polémiques inutiles".

Marie-Pierre Bourgeois