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Europe Ecologie les verts

"Fallait pas l'inviter": des élues EELV dénoncent la présence de Médine aux journées d'été du parti

Le rappeur Médine le 24 mars 2023 (illustration)

Le rappeur Médine le 24 mars 2023 (illustration) - Lou Benoist - AFP

La venue du rappeur Médine aux journées d'été des Verts fait désormais polémique au sein même du camp écologiste depuis que, ce vendredi, plusieurs figures d'EELV se sont opposées à son invitation.

Des voix commencent à s'élever dans le camp écologiste. À quelques jours de la venue du rappeur Médine aux journées d'été d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) au Havre, plusieurs élus et figures écologistes ont pris publiquement la parole pour dénoncer l'invitation du parti.

L'ancien candidat écologiste à la présidentielle de 2022 Noël Mamère a regretté sur France Inter que le parti soit "en train de prêter le flanc à tous ceux qui nous haïssent et qui depuis quelques jours, nous traitent d'islamo-gauchistes". En effet, depuis l'annonce de son invitation à une "explication de texte" le 24 août prochain, une polémique a enflé en macronie et à droite, qui reprochent au rappeur des propos jugés antisémites.

Médine, qui a aussi été invité aux journées d'été de La France insoumise, a publié la semaine dernière sur le réseau X, anciennement Twitter, un post à l'encontre de l'essayiste Rachel Khan, juive et petite-fille de déporté, traitant celle-ci de "resKHANpée". Il s'est ensuite excusé. Après ce post "sans aucune ambiguïté de nature antisémite", le ministre de l'Industrie Roland Lescure a d'ailleurs annulé sa venue aux journées d'été d'EELV.

"Vecteur du confusionnisme politique"

Ce vendredi matin, l'eurodéputée écologiste Karima Delli a, entre autres, mentionné ce post pour lancer un #MedineFallaitPasLInviter sur X. "Je suis une écologiste et une femme de gauche, viscéralement attachée au respect des gens, à la liberté, l'égalité, la solidarité et la laïcité. Dès lors, je ne peux soutenir et encore moins cautionner, l'invitation de Médine", a-t-elle développé dans une série de tweets.

Elle a ajouté: "On n'invite pas quelqu'un qui n'a qu'une audience relative en tant que rappeur, mais qui a par contre une audience disproportionnée en tant que vecteur du confusionnisme politique qui sévit dans la période."

Karima Delli a été rejointe par la députée EELV Francesca Pasquini. "Quand on écrit des textes on mesure le poids et la portée des mots. Quand on est responsable politique ou élus on se doit de condamner avec force, sans demi-mesure. Il n'y a pas d’excuses possibles", a-t-elle assuré.

À tout le moins, "ce n'est pas suffisant", a estimé jeudi sur LCI l'ancien patron du parti Julien Bayou, que les "relents antisémites immondes" du tweet initial de Médine ont mis "très mal à l'aise". Le député de Paris a toutefois dit faire "confiance à Marine Tondelier pour poser le cadre" et "interrompre le débat si la clarification n'est pas faite".

"Il y a quand même une condition pour qu'il s'exprime", a déclaré vendredi à l'AFP sa collègue Sandrine Rousseau, souhaitant que le rappeur "reconnaisse le caractère antisémite" de son tweet.

De son côté, Marine Tondelier, la secrétaire nationale d'EELV, a souhaité sur France Inter ce vendredi que la polémique "serve au moins à faire en sorte de faire reculer l'antisémitisme" en France.

Elle a tout de même évoqué un "antisémitisme insidieux", exercé par des personnes "qui ne prennent pas conscience de la portée de leurs propos". "Ça peut être par maladresse, ça peut être par mimétisme, ça peut être par manque de culture sur le sujet, par manque de formation, par bêtise, aussi par ignorance", a-t-elle développé, concluant: "Pour moi, Médine est dans ce cas-là".

Théo Putavy avec AFP