BFMTV
Présidentielle

Christiane Taubira pourra-t-elle aller au bout de sa campagne?

Christiane Taubira, à Saint-Trojan-les-Bains, lors d'une visite de l'île d'Oléron, le 3 février 2022.

Christiane Taubira, à Saint-Trojan-les-Bains, lors d'une visite de l'île d'Oléron, le 3 février 2022. - Philippe LOPEZ © 2019 AFP

Dans l'entourage de l'ancienne garde des Sceaux, l'heure est au doute. La faute aux centaines de parrainages manquants, mais aussi à l'absence de stratégie de campagne de la candidate.

De l'inquiétude dans l'équipe de campagne de Christiane Taubira. A moins de deux semaines de la date limite du dépôt des parrainages pour pouvoir se présenter à la présidentielle, la candidate n'a récolté que 73 signatures, très loin des 500 nécessaires. Autant dire que la mission s'avère, si ce n'est impossible, très compliquée.

Pourtant, l'ancienne ministre de la Justice y croit encore. "Il y a une équipe qui travaille sur les parrainages et (...) je n'ai absolument aucune inquiétude", a-t-elle assuré sur France Bleu le 4 février.

"La dernière limite"

Son équipe explique d'ailleurs que la barre des 100 paraphes d'élus locaux devrait être dépassée ce jeudi d'après des informations de BFMTV. De quoi produire un effet boule de neige, espère-t-elle.

Pour convaincre, l'ex-garde des Sceaux s'est d'ailleurs fendue d'un courrier auprès de tous les édiles de France pour les convaincre de la parrainer au nom du "débat démocratique". Une manifestation du comité Taubira pour 2022 ce mercredi devant le Conseil constitutionnel montre cependant la fébrilité du camp de la candidate.

Autour d'elle, plus grand-monde ne semble d'ailleurs croire à une issue favorable. "Tout va se cristalliser d'ici une semaine. On sera à J-8 des derniers parrainages. C'est la dernière limite", explique un lieutenant de la candidate à BFMTV.

La marche semble d'autant plus haute que Guillaume Lacroix, le patron du Parti radical de gauche, son ancien parti, a annoncé lundi que son mouvement se mettait en "retrait de (sa) campagne". La défection de cet intime de la candidate, qui pourrait priver l'ancienne ministre de 280 parrainages d'élus du PRG, est de mauvais augure.

La faute au PS?

Si ces élus peuvent toujours parrainer Christiane Taubira, comme l'a précisé le patron du parti, la collecte aux signatures s'avère encore plus difficile, tout en faisant les affaires d'Anne Hidalgo. Le candidate du Parti socialiste, en grande difficulté dans les sondages, pourrait bénéficier de l'absence au premier tour de l'ancienne ministre.

De quoi y voir pour Christiane Taubira la main d'Olivier Faure. "Il arrive toujours un moment où le patron du parti socialiste siffle la fin de la liberté du parti radical", a estimé mardi soir la Guyanaise sur LCI.

Le Premier secrétaire, lui, nie catégoriquement. "Il n'y a pas eu de pression sur qui que ce soit. Christiane Taubira, c'est une amie, c'est une grande figure de la gauche, je ne souhaite absolument pas son malheur, bien au contraire", a assuré Olivier Faure ce jeudi sur France 2.

La candidate socialiste a cependant bien appelé l’ancien président du PRG Jean-Michel Baylet pour lui demander de bloquer les parrainages de la gagnante de la Primaire populaire, rapporte Libération.

Le manque d'argent

Il faut dire que le PS a des arguments de choix pour convaincre. Les deux partis sont des alliés historiques et à chaque élection, de nombreux accords locaux sont passés entre le PS et le PRG, comme lors des dernières régionales par exemple.

Au-delà des bisbilles entre la Christiane Taubira et le parti à la rose et son manque de signatures, l'ancienne ministre a un autre problème: celui du financement de sa campagne. Son équipe s'était fixée jusqu'à début mars pour présenter aux banques plusieurs sondages la plaçant au moins à 7%.

Face aux mauvaises performances dans les études d'opinion (4,5% dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express), un appel aux dons a été lancé. Sans grand succès, rapporte L'Opinion.

"On a eu tort de partir aussi tard", reconnaît d'ailleurs l'un des lieutenants de la candidate auprès de BFMTV.

Pas d'effet Taubira

L'ex-garde des Sceaux était convaincue que son arrivée dans la campagne fin décembre puis sa victoire à la Primaire populaire lui permettrait d'engranger des ralliements de poids, des retraits de candidature et une poussée dans les sondages. Rien de tout cela n'a eu lieu.

Christiane Taubira y croit cependant encore et prévoit de se démultiplier dans les prochains jours. Interviews dans plusieurs médias, porte-à-porte par des militants, un déplacement la semaine prochaine... Comme un baroud d'honneur.

Marie Gentric, Perrine Vasque et Marie-Pierre Bourgeois