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Politique

Billets de rugby, garde du corps, autocollants... Les surprises des comptes de campagne des candidats en 2022

La commission des comptes de campagne a passé au crible le financement de la course à l'Élysée de tous les candidats. Elle a épinglé certaines dépenses, parfois étonnantes, qui ne rentraient pas dans ce cadre.

Huit mois après le premier tour, les comptes de campagne des candidats à la présidentielle ont été approuvés ce vendredi, ouvrant le droit aux remboursements par l'État, à l'exception de la candidate du Rassemblement national. Avec certaines incongruités relevées par la commission nationale des comptes de campagne.

À commencer par Marine Le Pen. Si ses comptes n'ont pas été publiés, c'est parce que la patronne des députés RN conteste l'absence de remboursement de ses 12 bus floqués sur deux étages de la phrase "M la France", son slogan de campagne et de sa photo, pour un montant de 300.000 euros.

Réseaux sociaux et "prime exceptionnelle" pour la campagne de Macron

Ces véhicules ont permis à Marine Le Pen d'être visible aux quatre coins de la France en sillonnant les départements français. Mais pour l'institution chargée de valider les comptes de campagne, ce "type de procédé constitue une dépense irrégulière" qui ne peut pas être remboursée par l'État.

Emmanuel Macron, qui n'est pas sanctionné dans le cadre de l'affaire McKinsey en dépit de l'ouverture de deux enquêtes du parquet national financier, se fait retoquer son utilisation des réseaux sociaux.

La commission des comptes de campagne s'est également étonnée de "la prime exceptionnelle" de 30.000 euros de Soazig de la Moissonnière, la photographe attitrée du président qui avait planché sur son affiche de campagne.

L'ancienne patronne de parti n'est pas la seule à s'être faite épinglée pour des dépenses jugées loin d'un cadre de campagne présidentielle de Jean Lasalle. L'ancien pilier de l'Assemblée nationale ne s'est ainsi pas vu rembourser "19 billets pour assister à un match de rugby" pour un montant de 465 euros. Le "caractère électoral de l'évènement n'a pas été démontré par le candidat", avance sobrement l'institution.

Café et Airbnb pour Hidalgo et Jadot

Même sanction pour Yannick Jadot: l'écologiste ne sera pas remboursé des frais de location d'un appartement Airnbnb à Paris pour ses salariés à Paris d'un montant de 6048 euros.

Anne Hidalgo a été, elle, sanctionnée, pour "des commandes de café" de 1600 euros à son QG de campagne. La somme de 2239 euros "correspondant à une facture de réparation des dégradations" de l'un des murs de son QG de campagne ne sera pas non plus prise en compte.

Philippe Poutou ne sera pas, lui, remboursé de 376 euros pour "des voyages en train" et une "nuit d'hôtel" pour "son garde du corps". "Il n'avait pas été fait mention dans son contrat de travail de la possibilité de rembourser ces dépenses", souligne la commission.

Zemmour et les conseils en communication "non démontrés"

Éric Zemmour est, lui, particulièrement tancé par la commission des comptes de campagne. Parmi ses très nombreuses dépenses de campagne retoquées, on compte des milliers d'affiches collées de façon sauvage.

Comme le montrent les plaintes déposées par des élus locaux concernant l'utilisation non autorisée du domaine public et par certains propriétaires de locaux privés, les effets de cette campagne d'affichage étaient toujours visibles après le 1er octobre 2021", souligne l'organe indépendant.

13.000 euros ont également été dépensés "pour des conseils en communication politique non démontrés, à un prestataire par ailleurs personnalité politique". D'après des informations du Parisien, il s'agirait de l'ancienne Gilet jaune, Jacline Mouraud qui a claqué la porte de Reconquête à l'automne. Le candidat ne s'est pas non plus acquitté d'une facture d'une salle de meeting à Dijon pour la somme de 1575 euros.

Épinglé également pour sa participation quotidienne à CNews vu comme "une promotion de sa personnalité" alors qu'il n'était pas encore candidat, l'ex journaliste du Figaro écope d'une sanction forfaitaire de 200.000 euros, une première.

Autocollants et langues étrangères pour Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon a, lui, fait imprimer plus de 1,2 million d'autocollants, pour la somme de 28.875 euros, au grand dam de la commission des comptes de campagne. Si l'ex candidat de la France insoumise "soutient que ces autocollants ont, dans l'extrême majorité des cas, été utilisés pour une meilleure visibilité lors des événements de campagne", "cette explication n'est pas de nature à en justifier un aussi grand nombre", juge l'institution.

La France insoumise a également fait traduire "en plusieurs langues étrangères" son programme pour 5.398 euros, au grand étonnement de la commission qui ne les considère pas comme "une dépense spécifiquement destinée à l'obtention des suffrages" pour un scrutin français.

Marie-Pierre Bourgeois