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Versailles, Grenoble, Rennes... Les interpellations se multiplient après les fausses alertes à la bombe

Les autorités ont annoncé des interpellations alors que se multiplient les fausses alertes à la bombe dans les lycées, dans les aéroports ou dans les lieux publics. Le ministre de la Justice a promis des condamnations.

Aéroports, collèges et lycées, lieux publics... De nombreux établissements sont concernés, comme le château de Versailles qui a été évacué pour la cinquième fois ce vendredi. Les alertes à la bombe se multiplient depuis l'attentat d'Arras, entrainant des conséquences financières avec des avions annulés ou des musées fermés, mais aussi des conséquences sur le travail des forces de l'ordre, déjà fortement mobilisées, et des conséquences psychologiques.

"Guignols", "plaisantins", le gouvernement hausse le ton et promet de traquer les auteurs de ces menaces. "Il faut qu'on poursuive, qu'on identifie et que l'on condamne", a défendu ce vendredi matin sur RTL le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. "Que ceux qui pensent faire une mauvaise blague, que ceux qui pensent vouloir faire peur, sachent que c’est un délit, chacun d’entre eux seront sanctionnés", a martelé quelques heures plus tard son collègue aux Transports, Clément Beaune.

En deux jours, les policiers et gendarmes mobilisés sur ces enquêtes ont interpellé 18 personnes, la plupart sont des mineures. Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, interrogé sur BFMTV, de nombreux moyens ont été mis en place pour identifier les auteurs de ces fausses alertes, que ça soit grâce aux lignes téléphoniques utilisées ou par les emails envoyés sur la plateforme Moncommissariat.fr. 22 enquêtes sont d'ores et déjà en cours.

Une interpellation à Versailles

Un homme qui avait passé un appel malveillant à police secours jeudi indiquant avoir déposé une bombe au château de Versailles a été identifié grâce à son numéro de téléphone. Les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles sont remontés jusqu'à lui et l'ont interpellé. En garde à vue, cet homme de 37 ans, sans emploi, sans antécédent judiciaire, mais atteint de troubles schizophréniques, a dit regretter son geste, sans pouvoir l'expliquer.

Pour cet adolescent, c'est son adresse IP qui l'a trahi. Mercredi puis jeudi, le lycée Jean Perrin à Saint-Ouen-l'Aumone (Val-d'Oise) a dû être évacué après la réception de deux mails de menaces, dont l'un rédigé en français et en arabe, évoquant des bombes disposées dans l'établissement scolaire. À chaque fois, une levée de doute était menée sans que rien ne soit découvert.

Fausses alertes : qui sont les auteurs ? - 19/10
Fausses alertes : qui sont les auteurs ? - 19/10
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L'enquête a rapidement mené son identification. Même si l'auteur de ces mails utilisait un VPN, qui permet de sécuriser l'utilisation de l'ordinateur, les policiers ont réussi à retrouver l'adresse IP sur laquelle la connexion était réalisée. Elle renvoyait à une adresse à laquelle réside ce jeune homme de 16 ans, scolarisé au lycée Jean Perrin. Il doit être présenté devant un juge des enfants pour des faits de "divulgation de fausses informations" et "violences volontaires". Cela se justifie notamment par l'impact psychologique causé par ces fausses menaces.

Un homme jugé à Grenoble

Dans d'autres cas, les mauvaises plaisanteries sont immédiatement sanctionnées. Un livreur de 26 ans en a fait les frais jeudi à Grenoble (Isère). Ce dernier avec un collègue ont livré des colis sur le site nucléaire de l'Institut Laue-Langevin. Une fois leur livraison effectuée, en passant devant le poste de sécurité, l'un des deux hommes lance "c'est bon, on a livré les deux bombes". Ils ont été immédiatement placés en garde à vue pour "menaces de crime contre les personnes" et "divulgation d’informations fausses de nature à provoquer l’intervention de secours".

À Rennes, les policiers ont dû relâcher un jeune homme placé en garde à vue ce vendredi matin après l'évacuation la veille du lycée Émile-Zola. C'est un message envoyé sur la boite mail de l'établissement, dénonçant les professeurs, les notes, les devoirs et menaçant de poser des bombes dans les lycées qui avait provoqué cette mesure de sécurité. En réalité, l'élève interpellé s'est fait pirater son compte Pronote, depuis lequel a été envoyé le message. L'enquête se poursuit.

En seulement deux jours, 75 fausses alertes à la bombe ont été envoyées à des établissements scolaires. 25 aéroports ont été destinataires des mêmes menaces sur cette même journée, 19 ont dû être évacués. Pour la journée de vendredi, ce sont 18 qui ont été visés et 10 évacués. Le ministre des Transports a indiqué qu'à chaque fois la direction des structures était appelée à porter plainte. C'est déjà chose faite dans 80% des cas de fausses alertes recensés cette semaine.

Les peines encourues pour "divulgation de fausses informations" sont passibles de deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende. La procureure de Paris a indiqué, dans Le Parisien, que son parquet retiendrait désormais également comme infraction "violences psychologiques sur les personnes avec préméditation", étant donné le retentissement de ces fausses alertes dans un contexte terroriste déjà marqué. Un délit passible de trois d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV