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Police-Justice

Marginale, sans antécédent, le profil de la principale suspecte du meurtre de Lola au coeur de l'enquête

La principale suspecte du meurtre de Lola, 12 ans, dans le 19e arrondissement de Paris, va être présentée à un juge en vue d'une mise en examen ce lundi.

Sur les images de vidéosurveillance, dans la rue, à côté de la malle où a été découvert le corps de Lola... La principale suspecte du meurtre de la jeune adolescente est partout dans cette enquête qui ne fait que commencer. Ce lundi, la jeune femme a été présentée à un juge puis mise en examen des chefs de "meurtre sur mineur de 15 ans accompagné de viol", "torture ou actes de barbarie", "viol sur mineur avec torture" et "actes de barbarie" et placé en détention provisoire.

La principale suspecte de ce crime sordide, une jeune femme de 24 ans, a été interpellée samedi matin tôt à Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine, chez une connaissance. Décrite comme une marginale, elle résidait, selon les jours, chez des connaissances proches ou lointaines.

Cette femme n'est pas isolée puisqu'elle a une soeur aînée, âgée de 26 ans. Cette dernière, qui réside dans la même résidence où vivent Lola et sa famille, l'hébergeait depuis quelques jours. Une jeune femme sous le choc, décrit une source proche du dossier.

La suspecte faisait par ailleurs l'objet d'une obligation de quitter le territoire sous 30 jours. Elle était arrivée en France en 2016 avec un titre de séjour étudiant, un document aujourd'hui périmé. Elle n'était pas connue négativement des services de police et de justice, avant d'être mise en examen ce lundi.

Pas de lien préalable entre la victime et la suspecte

Quelques heures avant son interpellation, la suspecte est filmée vendredi après-midi en compagnie de Lola par les caméras de vidéosurveillance de l'immeuble où le père de la victime travaille comme gardien. Selon nos informations, elle est ensuite filmée vers 17 heures en train de sortir du bâtiment, traînant une caisse et deux valises cabine. Elle est alors aidée par sa soeur.

Que s'est-il passé entre ces deux moments? C'est ce que les investigations conduites sous la houlette d'un juge d'instruction dans le cadre d'une l'information judiciaire, ouverte depuis ce lundi, vont devoir déterminer.

Au terme de ces premières 48 heures d'enquête, il n'a pas été établi de lien entre la jeune victime, une collégienne scolarisée dans le 19e arrondissement, et la meurtrière présumée.

Selon les premiers éléments, la principale suspecte a agi seule. Elle a été mise en examen et déferrée pour meurtre de mineur de moins de 15 ans et viol commis avec actes de torture et de barbarie. Le mobile du crime reste à déterminer. À ce stade, la piste privilégiée est celle d'un meurtre "gratuit".

"Ces deux jours de garde à vue ont permis de décanter les différentes versions et les histoires que chacun avait à raconter", analyse sur BFMTV Alain Vasquez, ancien chef de groupe à la Brigade criminelle de Paris. "Ça se gère difficilement. Quand on a affaire à des personnes qui manifestement font preuve de troubles psychiques et qu’il n’y a pas d’explications données à un acte, on se dirige vers un acte gratuit."

Comportement étrange

Les investigations vont en effet également devoir déterminer si la suspecte est responsable de ses actes. Selon nos informations, elle s'est largement exprimée devant les enquêteurs au cours de sa garde à vue, tenant des propos jugés cohérents. Elle semble donc, à ce stade, accessible à une sanction pénale.

Cet élément devra être confirmé par les expertises psychologiques et psychiatriques qui vont être réalisées. En effet, de nombreux témoins qui ont croisé la suspecte vendredi ont décrit une jeune femme au comportement étrange. Un témoin a raconté l'avoir vu en chaussettes dans la rue. Visiblement au téléphone, elle aurait répété à plusieurs reprises "Il l'a fait! Il l'a fait! Il l'a fait!". Il y a aussi ces deux post-it retrouvés sur chacun des pieds de la victime avec l'inscription 1 et 0.

Un autre témoignage d'un riverain, un habitué du quartier, rapporte que la jeune femme lui a demandé de l'aide pour trouver un moyen de transport pour véhiculer la caisse qui contenait le corps de la jeune victime, en échange d'une récompense. Il a raconté aux policiers l'avoir aidée à transporter la malle jusqu'à un café où elle lui aurait parlé de trafic d'organes. Une thèse écartée par les enquêteurs. Il donne ensuite l'alerte, apprenant que la disparition d'une jeune fille a été signalée.

Entre temps, la suspecte a été emmenée par un homme en voiture avant de revenir en VTC dans le quartier. Cet homme, âgé d'une quarantaine d'années, va lui aussi être présenté au juge d'instruction. Elle s'est présentée à 22 heures chez sa soeur, avec la malle et les valises. Interrogée sur ce que contient ses bagages, elle refuse de répondre. Sa soeur lui propose d'aller voir la police, essuyant un nouveau refus. La meurtrière présumée quitte alors les lieux laissant la malle dans la cour de l'immeuble. Un SDF fera un peu plus tard la macabre découverte et préviendra la police.

Justine Chevalier avec le service police-justice de BFMTV