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Police-Justice

Disparition de Maëlys: pourquoi toute une partie de l'enquête pourrait être annulée par la justice

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble examine ce mardi une requête en nullité déposée par l'avocat du principal suspect dans la disparition de la fillette de neuf ans. Si elle est validée, certains éléments contenus dans le dossier ne pourront plus être utilisés par la justice.

Près de trois mois après la disparition de Maëlys, lors d'une fête de mariage à Pont-de-Beauvoisin, en Isère, l'enquête pourrait être remise en cause. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble examine, à huis-clos, ce mardi une requête en nullité déposée par la défense du principal suspect dans cette affaire, et ce alors que la fillette n'a toujours pas été retrouvée. En cause: une erreur de procédure lors de la première garde à vue de Nordahl Lelandais.

Il est près de 4 heures du matin quand les gendarmes sont alertés ce 27 août de la disparition de Maëlys, qui participait avec ses parents à une fête de mariage. Rapidement, les enquêteurs vont interpeller plusieurs personnes, Nordahl Lelandais est, lui, placé en garde à vue le 31 août par les hommes de la Section de recherches de la gendarmerie de Grenoble. Pendant 36 heures, l'ex-militaire de 34 ans va être entendu puis, faute d'éléments contre lui, relâché. Avant d'être à nouveau placé en garde à vue et, cette fois-ci, mis en examen pour "enlèvement et séquestration" le 3 septembre.

Enregistrement obligatoire

Depuis, la défense de Nordahl Lelandais se faisait discrète. Choisi pour assurer la défense du principal suspect dans cette disparition, Me Alain Jakubowicz a pourtant oeuvré dans la plus grande discrétion en déposant, notamment, une requête en nullité concernant la procédure qui serait, selon lui, entachée d'erreur. La demande de l'avocat concerne les premières auditions de son client qui n'ont pas été filmées par les gendarmes. Une faute lors d'une enquête criminelle, comme c'est le cas pour la disparition de Maëlys, qui n'a toujours pas été retrouvée à ce jour.

"Les auditions des personnes placées en garde à vue pour crime, réalisées dans les locaux d'un service ou d'une unité de police ou de gendarmerie exerçant une mission de police judiciaire font l'objet d'un enregistrement audiovisuel", précise l'article 64-1 du code de procédure pénale.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble devrait mettre en délibéré sa décision, c'est-à-dire qu'elle la rendra ultérieurement. Mais si elle venait à valider cette requête, cela remettrait en cause tout un pan de la procédure. Les premières auditions et les premières déclarations de Nordahl Lelandais ne pourront plus être utilisées par la justice dans ce dossier. Si cela ne concerne pas l'intégralité du dossier, une source proche de l'enquête confiait à l'AFP son "impression assez désagréable d'amateurisme".

Nouvelle audition devant la justice

La mise en examen de Nordahl Lelandais est intervenue après la découverte de l'ADN de Maëlys sur le tableau de bord du véhicule du suspect. A ce stade, le suspect, qui nie toute implication dans l'enlèvement de la fillette, a raconté aux enquêteurs que pendant la soirée de mariage, il était sorti fumer une cigarette. A ce moment, un jeune garçon blond était entré dans sa voiture après avoir lancé le ballon dans l'habitacle. Maëlys aurait également pénétré à l'intérieur de la voiture pour voir si les chiens du trentenaire étaient dans le coffre. C'est là que son ADN se serait retrouvé dans l'habitacle.

La requête en nullité ne concerne donc pas ces déclarations et celles réalisées lors de la seconde garde à vue du suspect. Une garde à vue qui, cette fois-ci, a été filmée. Si elle était validée, les conséquences seraient minimes. Cette décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble va également être décisive pour la fixation de la prochaine audition par le magistrat instructeur du suspect. Depuis sa mise en examen, le 3 septembre, il n'a plus été entendu. La justice aimerait désormais pouvoir le confronter à un nouvel élément compromettant. La nuit de la disparition de Maëlys, la voiture du suspect a été filmée par une caméra de vidéosurveillance. On y voit un conducteur au volent et une silhouette blanche de petite taille. Blanche comme la robe de la fillette cette soir-là.

Justine Chevalier