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Police-Justice

Affaire Marie-Thérèse Bonfanti: la cour de Cassation retient la prescription du meurtre

Le meurtrier de Marie-Thérèse Bonfanti est passé aux aveux 36 ans après les faits.

Le meurtrier de Marie-Thérèse Bonfanti est passé aux aveux 36 ans après les faits. - BFMTV

Malgré les récents aveux du meurtrier présumé de Marie-Thérèse Bonfanti à Pontcharra (Isère), en 1986, la famille de la victime se heurte une nouvelle fois aux règles en matière de prescription.

C'est un feuilleton judiciaire dont le dernier rebondissement suscite la "colère" des proches de la victime. Un an et demi après les aveux du principal suspect dans l'enquête pour le meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti en 1986, la prescription suscite toujours de larges débats parmi les acteurs du dossier.

Mardi, la Cour de Cassation a publié un arrêt dans lequel elle retient la prescription, allant contre les arguments du parquet de Grenoble. Ce dernier estimait en effet que les récents aveux du suspect, constituant de nouveaux éléments au dossier, interrompaient la prescription et qu'un procès pourrait donc avoir lieu dans cette affaire vieille de 37 ans.

Au contraire, la Cour de Cassation affirme de son côté que le délai de prescription de l'affaire avait bien commencé à partir du moment où les faits ont été commis. Selon cette juridiction, le suspect, Yves Chatain, ne pourra donc plus être jugé pour ce meurtre.

"On la tue une deuxième fois"

Le 22 mai 1986, Marie-Thérèse Bonfanti, jeune femme de 25 ans et mère de famille, se volatilise alors qu'elle distribue des journaux dans la commune de Pontcharra, en Isère. Aussitôt, les autorités suspectent un acte criminel et un voisin est un temps dans leur viseur, mais il finit par être relâché, faut de preuves suffisantes à son encontre. Sans avancée majeure dans le dossier, un non-lieu est prononcé en novembre 1987.

Le dossier ayant été rouvert récemment, le même voisin est placé en garde à vue en mai 2022. C'est à ce moment-là qu'il passe aux aveux et confirme son implication dans la disparition de Marie-Thérèse Bonfanti. Sur ses indications seront par ailleurs retrouvé le crâne de la victime, un bouton-pression et un morceau de tissu, à Buissière en octobre 2022.

Aussitôt, le débat s'engage entre les différentes parties du dossier pour savoir si une instruction pouvait redémarrer, 36 ans après les faits. Un espoir de courte durée pour la famille de la victime, qui a exprimé sa colère mardi après l'annonce de l'arrêt de la Cour de Cassation.

"On la tue une deuxième fois et on nous tue, nous", a commenté auprès de France 3 Thierry Bonfanti, le mari de la victime.

"J'ai de la colère. Cela fait bientôt 38 ans qu'on se bat et on voit que la justice ne fait pas son travail. Sinon, elle se rendrait compte de l'importance du dossier."

Un autre recours à la Cour d'appel de Lyon

Pour l'avocat des parties civiles, Me Bernard Boulloud, la loi "est devenue obsolète" en matière de prescriptibilité des crimes. "À quoi sert le pôle cold cases de Nanterre que le ministère de la Justice a créé? À quoi sert le travail des magistrats, des enquêteurs, si c'est pour leur dire, à la fin, que c'est prescrit?", demande-t-il sur X (anciennement Twitter).

Malgré la déception causée par l'annonce de cette décision chez les parties civiles, "le débat judiciaire n'est pas terminé", rappelle le procureur de Grenoble, qui rappelle qu'un recours a été fait devant la Cour d'appel de Lyon.

"Le débat judiciaire n'est pas terminé, il va se poursuivre devant la Cour d'appel de Lyon et, si celle-ci va dans le même sens que la Cour d'appel de Grenoble - pas de prescription - la Cour de Cassation devra à nouveau statuer", a réagi également sur X Éric Vaillant.

Elisa Fernandez