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Taylor Swift, Coldplay... Comment Lyon est devenue une scène incontournable pour les artistes internationaux

La chanteuse américaine Taylor Swift lors d'un concert.

La chanteuse américaine Taylor Swift lors d'un concert. - AFP

Lyon affiche cette année de grands noms de la musique qui viendront se produire sur les différentes scènes de la ville. De quoi motiver les salles de spectacles lyonnaises à devenir la nouvelle ville incontournable pour ces artistes, juste derrière Paris.

Les grands noms s'enchaînent à Lyon. Si la ville s'est déjà imposée au niveau international comme capitale de la gastronomie, elle fait aujourd'hui sa place dans un autre domaine: la musique.

Avec des artistes comme Muse ou les Rolling Stones qui ont déjà foulé la scène du Groupama Stadium, d'autres têtes d'affiche sont encore attendues cette année. Dans tout juste un mois, la chanteuse américaine Taylor Swift assurera deux dates le dimanche 2 et lundi 3 juin, et le groupe britannique Coldplay y jouera également ses trois seules dates en France.

"Quand vous avez Coldplay et Rammstein qui décident de revenir au Groupama Stadium, c'est vraiment quelque chose d'exceptionnel", se réjouit auprès de BFMTV.com Xavier Pierrot, directeur général adjoint au sein du groupe OL, responsable du Groupama Stadium et de la LDLC Arena.

"Et qu'une star, peut-être même actuellement la numéro un au niveau mondial, qui est Taylor Swift, vienne faire deux concerts à Lyon au Groupama Stadium, c'est quelque chose d'extraordinaire."

De plus en plus d'artistes internationaux

D'autant que Lyon, si elle se classe en termes d'habitants en troisième position des villes françaises, doit faire face à Marseille comme compétitrice pour les artistes internationaux. La cité phocéenne avait notamment accueilli en juin dernier l'icône mondiale Beyoncé dans son stade, dont la capacité surpasse d'ailleurs celui de Lyon en termes de places: environ 60.000 places pour l'Orange Vélodrome, contre 50.000 pour le Groupama Stadium.

Mais cette concurrence est loin d'inquiéter le responsable des salles lyonnaises. "Je pense que géographiquement, on est beaucoup plus central que Marseille", déclare Xavier Pierrot, qui souligne que la région lyonnaise "est riche économiquement, avec un grand bassin de population qui peut aller jusqu'à la Suisse et l'Italie".

Le responsable mise également sur le côté "pratique" pour les artistes de venir se produire au Groupama Stadium de Décines-Charpieu, plutôt que dans une autre ville.

"Il est facile pour des artistes de venir se produire dans la métropole de Lyon. On a un stade, en termes d'hospitalité, qui est de qualité. Et on a un public qui se déplace plus facilement. Le stade est très facile d'accès. On est à côté de la rocade Est", souligne Xavier Pierrot.

Du côté de la Halle Tony Garnier, dans le 7e arrondissement de Lyon, on note également un certain intérêt des artistes internationaux pour les salles lyonnaises ces dernières années.

"Avant le Covid, les tournées internationales passaient rarement à Lyon. Parce qu'un artiste international résonne plus par pays que par ville, donc Paris a toujours la priorité", souligne Thierry Pilat, directeur général de la salle de spectacle. "Mais c'est vrai que le stade a fait un travail de fond pour accueillir les tournées internationales. C'est vrai qu'aujourd'hui, on a ce phénomène."

Une concurrence bienvenue?

Le succès des salles lyonnaises auprès des artistes internationaux est loin d'être un coup de chance. Si le Groupama Stadium reste un lieu incontesté pour les grosses tournées internationales en raison de son nombre de places, le groupe OL a aussi misé gros avec l'ouverture en novembre dernier de la LDLC Arena, une salle destinée à accueillir événements sportifs et spectacles.

Avec sa capacité d'environ 15.000 places, la salle a notamment été pensée pour l'organisation de concerts, une volonté calculée du groupe pour attirer les artistes à Lyon. Et pour le moment, le pari s'avère plutôt gagnant.

"Les retours sont assez unanimes, que ce soit de la part des spectateurs, des clients, des artistes, des organisateurs, des tourneurs... Tout le monde est ravi d'avoir une salle de cette qualité dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, et dans la métropole de Lyon", déclare Xavier Pierrot. "On a vraiment des excellents retours, qui font d'ailleurs qu'on commence à bien remplir l'agenda de la saison 2024-2025."

Une salle qui fait aussi directement concurrence à la Halle Tony Garnier, jusqu'ici la seule à proposer une jauge similaire pour les spectacles. "On est concurrents, parce que c'est vrai qu'on partage aujourd'hui un marché", explique Thierry Pilat. "Donc ça a un impact financier sur la halle, c'est pour ça qu'il faut qu'on garde le cap et qu'on améliore nos prestations."

Si la salle de spectacles doit partager certains artistes qu'elle avait l'habitude de voir se produire sur sa scène avec la LDLC Arena, elle n'a toutefois pas dit son dernier mot face à sa nouvelle concurrente, et compte bien jouer sur les différences qui opposent les deux salles pour continuer à attirer des artistes.

"On est concurrents, mais on est aussi complémentaires, parce qu'on a deux concepts bien différents. On a un établissement neuf d'un côté et un lieu patrimonial de l'autre. On a un établissement privé d'un côté, et nous, un établissement public, de l'autre", détaille Thierry Pilat. "On est en capacité de continuer à accueillir des spectacles, des institutions qui existent depuis très longtemps, et qui fonctionnent, et en même temps innover en proposant aussi des nouveaux formats."

La halle avait ainsi proposé au mois de janvier un événement de techno qui pourrait être réitéré à l'avenir. Mais la salle ne tire pas pour autant un trait sur les artistes internationaux: elle accueillera à l'automne le concert du groupe américain Cigarette After Sex, pour laquelle la capacité complète de 16.000 places sera atteinte.

De son côté, le directeur général adjoint du groupe OL estime lui aussi qu'il existe de "la place dans le paysage culturel lyonnais" pour les deux salles. "Les artistes urbains qui souhaitent plutôt des grandes fosses iront plutôt à la Halle Tony Garnier. Vous avez deux tiers debout et un tiers assis à la halle, et chez nous c'est plutôt deux tiers assis et un tiers debout", détaille le responsable.

D'autant que deux salles aux jauges similaires ne sont aujourd'hui pas de trop pour répondre à la demande des artistes internationaux qui souhaitent se produire à Lyon.

"On est sur un marché qui est en croissance. Le public achète des places pour aller voir les plus gros artistes. (...) Ça contribue à positionner Lyon sur la carte des tournées internationales. En tant que salle, que ce soit l'arena ou nous, on est pareil: on a envie d'avoir plus d'artistes internationaux", conclut Thierry Pilat.

Juste après Paris, "on veut être là"

Aujourd'hui, le principal défi pour les salles de spectacle lyonnaises est avant tout de convaincre les artistes de quitter la capitale, toujours favorite pour l'organisation des concerts d'artistes internationaux.

"C'est impossible d'être devant Paris", estime Xavier Pierrot. "La signature de Paris, la signature tour Eiffel... On ne peut pas concurrencer ça. Par contre, juste derrière, on veut être là, on veut montrer nos forces."

En termes de concerts, Lyon a d'ailleurs bénéficié cette année d'un coup de pouce lié à l'organisation des Jeux olympiques à Paris. Le responsable du Groupama Stadium ne peut pas le nier: certaines salles parisiennes étant indisponibles pour des raisons de calendrier, les artistes qui comptaient se produire dans la capitale cet été devront bien aller ailleurs. C'est notamment la raison pour laquelle les uniques dates de Coldplay en France pour leur tournée actuelle auront lieu à Lyon.

"On bénéficie aussi cette année, il faut le reconnaître, que le Stade de France soit fermé pour raisons de travaux avec les Jeux olympiques, et ce qui permet sans doute que ça a joué", reconnaît Xavier Pierrot.

Mais pour le responsable, JO ou pas JO, Lyon n'a rien à envier à la capitale. "L'arena est en train de faire sa place, et je crois qu'une fois que les artistes décident de quitter Paris, ils ne se posent pas la question d'où ils vont aller: on sait qu'ils viendront à Lyon."

Les grands noms qui défileront en 2024 sur la scène du stade et de l'arena n'empêchent pas le directeur général adjoint de voir toujours plus loin. "Les tournées de U2 m'ont toujours fait rêver, donc si U2 pouvait venir au Groupama Stadium ou à la LDLC Arena, on serait bien évidemment ravis", déclare-t-il.

Mais au-delà de la musique, les salles lyonnaises s'illustrent aussi dans d'autres domaines. Alors que la Halle Tony Garnier propose des événements culturels autres que les concerts (des spectacles d'humour, des comédies musicales, des orchestres), les salles du groupe OL se distinguent aussi dans le domaine du sport.

Si le Groupama Stadium est bien établi comme foyer de l'Olympique lyonnais, la LDLC Arena s'essaie quant à elle à de nouveaux horizons avec, au début du mois de mai, deux shows de catch de la World Wrestling Entertainment.

"L'engouement créé par cet événement qui a lieu début mai, c'est incroyable. La notoriété de la salle au niveau européen et international a pris un coup de boost qui a été phénoménal", se réjouit Xavier Pierrot.

Des spécificités sur lesquelles les salles lyonnaises comptent bien s'appuyer pour se démarquer au niveau international. Car auprès des artistes français, les salles ont déjà fait leur preuve. La Halle Tony Garnier continue à ce jour d'être une salle favorite des artistes de rap, tandis que le Groupama Stadium avait battu en 2022 son record d'affluence, avec plus de 72.500 spectateurs réunis pour le concert célébrant les 40 ans du groupe Indochine.

Laurène Rocheteau