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Sous-marins: les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie lancent un nouveau programme commun

Anthony Albanese, Joe Biden et Rishi Sunak, le 13 mars 2023 à San Diego, aux États-Unis

Anthony Albanese, Joe Biden et Rishi Sunak, le 13 mars 2023 à San Diego, aux États-Unis - Jim WATSON / AFP

Joe Biden, avec les dirigeants australien et britannique, a lancé ce lundi un spectaculaire programme de sous-marins à propulsion nucléaire, destiné à tenir tête à la Chine dans le Pacifique. Un projet qui avait suscité la colère de Paris il y a quelques mois.

Les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni vont s'associer pour une nouvelle génération de sous-marins, baptisée SSN-AUKUS. Le président américain Joe Biden, le Premier ministre britannique Rishi Sunak et le chef du gouvernement australien Anthony Albanese se sont rencontrés dans une base navale à San Diego ce lundi pour formaliser ce projet, qui avait fait enrager la France lors de son annonce il y a dix-huit mois.

Car la conclusion de l'alliance AUKUS, avec pour corollaire l'annulation par Canberra du contrat d'acquisition de 12 sous-marins français, avait donné lieu en 2021 à une crise diplomatique avec la France, qui avait crié à la "trahison".

L'affaire est depuis retombée, à force d'intenses manœuvres diplomatiques, dont une visite d'État du président français Emmanuel Macron aux États-Unis début décembre. Joe Biden a d'ailleurs appelé son homologue français le 7 mars, et les deux hommes ont notamment, selon la Maison Blanche, discuté de leur "coopération" dans l'océan Indien et en Asie.

L'indignation de la France a surtout fait place aux critiques de la Chine, engagée avec les États-Unis dans une rivalité économique et stratégique acharnée. Pékin a appelé les trois pays alliés "à abandonner la mentalité digne de la Guerre froide et les jeux à somme nulle" et à "faire davantage de choses pour encourager la paix et la stabilité régionales."

"Le plus grand investissement de l'histoire" de l'Australie

Car ce nouvel accord SSN-AUKUS va voir l'Australie acheter des sous-marins américains à propulsion nucléaire avant de construire elle-même une nouvelle génération d'appareils. Son Premier ministre Anthony Albanese assure que Canberra fait "le plus grand investissement de (son) histoire."

Le projet va "soutenir l'économie australienne pendant des décennies" et créer "environ 20.000 emplois directs" dans le pays, a-t-il assuré.

"Notre projet renforce pour des décennies la capacité industrielle de nos trois nations à produire et déployer des sous-marins à propulsion nucléaire, il développe notre présence sous-marine dans l'Indo-Pacifique et contribue à la sécurité et à la stabilité mondiales", ont indiqué les trois chefs d'États dans un communiqué commun.

Premiers navires en action à partir de 2030

Le programme se déroulera en trois phases, a fait savoir la Maison Blanche dans un communiqué, et dans le respect du principe de non-prolifération nucléaire, assure l'exécutif américain.

Tout d'abord une phase de familiarisation de l'Australie avec ces engins, via la formation de marins, ingénieurs, techniciens au sein d'équipages américains et britanniques, ainsi que dans les chantiers navals et les écoles spécialisées des États-Unis et du Royaume-Uni.

L'objectif est de déployer, à partir de 2027 et sur un principe de rotation, quatre sous-marins américains de classe "Virginia" et un sous-marin britannique de classe "Astute" sur la base australienne de Perth (ouest).

Dans un deuxième temps, et sous réserve du feu vert du Congrès américain, l'Australie va acheter trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe "Virginia", avec une option sur deux navires submersibles supplémentaires. Ils seront livrés en 2030.

"Dissuader tout conflit"

Enfin, troisième, et la plus ambitieuse étape du programme: les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni vont s'associer pour une nouvelle génération de sous-marins d'attaque, baptisée SSN-AUKUS.

De conception britannique et incorporant des technologies américaines avancées, les nouveaux navires seront construits et déployés par le Londres et Canberra. Ils seront livrés à partir de la fin des années 2030 et du début des années 2040.

Les sous-marins à propulsion nucléaire sont difficiles à détecter, peuvent parcourir de grandes distances pendant de longues périodes et peuvent embarquer des missiles de croisière sophistiqués. L'objectif, a assuré lundi le conseiller à la Sécurité nationale américain Jake Sullivan, n'est pas "de partir en guerre" mais "de dissuader tout conflit." Avec une nouvelle armada de sous-marins.

Ariel Guez avec AFP