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Asie

Canicule aux Philippines: un village vieux de 300 ans réapparaît au milieu d'un lac asséché

Un homme passe devant les ruines d'une église dans l'ancienne ville engloutie de Pantabangan, dans la province de Nueva Ecija aux Philippines, le 26 avril 2024.

Un homme passe devant les ruines d'une église dans l'ancienne ville engloutie de Pantabangan, dans la province de Nueva Ecija aux Philippines, le 26 avril 2024. - JAM STA ROSA

Les ruines d'un village vieux de plusieurs siècles sont réapparus récemment en raison de l'assèchement d'un lac proche du barrage de Pantabangan, dans la province de Nueva Ecija.

Comme l'ensemble de l'Asie du Sud-Est, les Philippines sont en proie à une canicule intense depuis près d'une semaine. Si près de 47.000 écoles de l'archipel ont fermé leurs portes en raison des conditions météo, ces vagues de chaleur extrême ont eu un effet plus qu'inattendu dans la province de Nueva Ecija.

Après une longue période marquée par de très faibles précipitations, le niveau de l'eau d'un lac artificiel a baissé, depuis mars, en aval du barrage de Pantabangan, au point de révéler des parties d'une église engloutie, des pierres tombales et des ruines d'un village vieux de trois siècles.

Ce dernier, situé à environ 200 kilomètres au nord de Manille, était submergé depuis la construction de l'édifice dans les années 1970, pour favoriser l'irrigation de la zone, la production d'énergie hydroélectrique et contrôler d'éventuelles inondations. La population locale avait alors été déplacée. Le niveau de l'eau y a baissé de près de 50 mètres par rapport à son niveau normal de 221 mètres, selon les données officielles.

Il s'agit de la plus longue période pendant laquelle le village - ayant déjà refait surface à cinq reprises par le passé - est resté hors de l'eau depuis la mise en fonctionnement du barrage, a déclaré à AFP Marlon Paladin, ingénieur de l'agence nationale chargée de l'exploitation des barrages du pays.

De quoi donner l'occasion à plusieurs habitants de la région de faire de ces fondations une véritable attraction pour les touristes. "À l'époque, la pêche ne me rapportait que 200 pesos (3,25 euros), mais avec l'arrivée des touristes, je gagne entre 1500 et 1800 pesos par jour", a expliqué Nelson, un pêcheur du coin, au Guardian.

La situation a également permis à d'anciens habitants de ces ruines de se rendre sur les lieux. Désormais âgée de 68 ans, Melanie était adolescente lorsque sa famille a été contrainte de quitter sa maison.

"J'étais émotive parce que je me suis souvenue de mon ancienne vie là-bas, a-t-elle déclaré à l'AFP après y être retournée pour la première fois. Mon cœur était bouleversé parce que j'y ai étudié, j'y suis même née".

Elle pourrait avoir l'occasion d'observer encore son village quelques temps puisque la situation devrait se prolonger aux Philippines. Les météorologues prévoient qu'il fasse encore plus chaud dans les jours à venir. Malgré une température réelle mesurée autour des 37°C cette semaine, l'humidité fait régulièrement grimper le ressenti à plus de 42°C.

Un impact sur l'activité économique locale

"Nous constatons que le niveau de nos barrages va baisser, y compris à Pantabangan et dans d'autres régions", a déclaré Benison Estareja du bureau météorologique d'État Pagasa à BBC News.

La canicule est largement renforcée sur place par le phénomène El Niño, mais également par le réchauffement inhabituel des eaux de surface dans l'océan Pacifique.

La baisse du niveau de l'eau a par ailleurs contraint les deux centrales hydroélectriques liées au barrage à suspendre leur activité début avril, avant la fermeture normale initialement prévue ce mercredi 1er mai, comme le rapporte le média philippin Philstar Global.

Elle a également privé de nombreux riziculteurs de l'eau d'irrigation dont ils avaient besoin pour travailler. Résultat, certains d'entre eux se sont repliés sur la culture de légumes, moins gourmande en eau.

Gabriel Joly