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États-Unis

"Il a été tiré vers l'extérieur": une mère a dû retenir son fils à bord de l'avion à la porte arrachée

Un avion de la compagnie Alaska Airlines, avec 177 personnes à bord, a dû effectuer un atterrissage d'urgence vendredi 5 janvier dans l'Oregon, aux États-Unis, après le décrochage d'une porte en plein vol. Une passagère qui se trouvait dans la rangée la plus proche du trou béant a témoigné auprès du Seattle Times.

"Bien sûr, j'étais terrifiée. Mais je suis une mère. Et cette terreur ne vous vient pas à l'esprit lorsque vous regardez votre enfant à côté d'un trou dans un avion." Faye n'est pas prête d'oublier son expérience à bord du vol 1282 de la companie Alaska Airlines.

Ce vol qui devait aller de Portland à Ontario, aux États-Unis, vendredi 5 janvier, a dû faire demi-tour peu après son décollage, car une porte de l'avion en a été arrachée en plein vol. Faye se trouvait avec son fils âgé de 15 ans dans la rangée de cette porte décrochée.

L'adolescent se trouvait sur le siège côté fenêtre et sa mère, assise à côté de lui, sur le siège au milieu de la rangée, a affirmé au Seattle Times avoir entendu une forte détonation, qu'elle compare à "l'explosion d'une bombe".

Le garçon "tiré vers l'extérieur"

Elle s'aperçoit alors que l'appui-tête de son fils s'envole: "Lui et son siège ont été tirés vers l'extérieur de l'avion, en direction du trou", a-t-elle raconté au média américain. "J'ai attrapé son corps et je l'ai tiré vers moi par-dessus l'accoudoir".

"J'ai probablement eu une montée d'adrénaline aussi importante que je n'en ai jamais eue dans ma vie", a-t-elle poursuivi. Le jeune garçon a vu ses vêtements arrachés lors de l'événement, ce dont sa mère s'est aperçue après le vol, une fois la frayeur passée. Faye raconte qu'elle pouvait voir le ciel à travers le trou dans l'avion.

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La dépressurisation a entraîné la sortie des masques à oxygène, que la passagère à côté de Faye a placé sur son visage et celui de son fils. "Nous nous accrochions toutes les deux à mon fils", décrit Faye. "Je le tenais dans mes bras et je répétais sans cesse: 'Ça va aller. Tout va bien. Tout va bien, mon grand. Tout va bien. Tout va bien.' Puis, "les objets ont cessé de voler. J'ai vu que son sac était par terre", raconte Faye.

"J'ai réalisé que la pression n'était plus telle que nous risquions d'être expulsés en nous levant de nos sièges".

Une hôtesse de l'air "choquée"

La quinquagénaire explique qu'elle a alors décidé de s'éloigner du trou béant et appelé une hôtesse de l'air. "J'ai vu le choc sur son visage", déclare-t-elle. "Je me souviens avoir pensé qu'elle ne savait pas qu'il y avait un trou dans l'avion jusqu'à ce moment-là"

Les trois occupants de la rangée ont été placés dans d'autres sièges. C'est alors que "la terreur s'est installée" pour Faye. L'avion, qui transportait 177 personnes, a atterri une vingtaine de minutes après avoir décollé.

Celui-ci a entraîné le maintien au sol de dizaines de Boeing 737 MAX 9, le modèle mis en cause dans cette affaire, depuis vendredi. "Nous allons aborder (ce dossier) en commençant par reconnaître notre erreur", a déclaré mardi le directeur général de Boeing, Dave Calhoun, lors d'une réunion dans l'usine du groupe à Renton (Etat du Washington), selon des citations transmises par une porte-parole de Boeing. Il n'en a pas dit plus sur la nature exacte de cette erreur.

Plusieurs inspections en cours

Lundi, la compagnie United, qui possède la première flotte de 737 MAX 9 au monde (79 appareils), a indiqué avoir découvert des "boulons qui nécessitaient d'être resserrés" lors de vérifications sur les portes condamnées de ses 737 MAX 9, les mêmes que celle arrachée vendredi lors du vol Alaska Airlines. Lundi toujours, Alaska Airlines a également révélé avoir détecté des "équipements mal fixés" sur certains de ses appareils de ce type, après des inspections préliminaires.

Les raisons de l'incident survenu vendredi n'ont pas encore été établies et l'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) poursuit ses investigations. Lors d'une conférence de presse lundi, la présidente de l'agence a déclaré que les enquêteurs avaient constaté qu'à trois reprises dans les jours précédents l'incident, le système secondaire de contrôle de pression de l'avion, qui se déclenche si le système primaire tombe en panne, avait été activé. "Rien n'indique que ce soit lié de quelque manière que ce soit à l'expulsion du bouchon de la porte", a précisé Jennifer Homendy.

Faye se dit toutefois "très préoccupée" à l'idée qu'Alaska Airlines ait pu "passer outre l'entretien de l'avion et le remettre en vol". C'est pourquoi elle a décidé de parler: "les gens doivent savoir s'ils peuvent faire confiance à Alaska Airlines".

Sophie Cazaux