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"Il faut être riche pour mourir": un Lillois, qui veut recourir à l'euthanasie en Belgique, témoigne

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Illustration - Fred DUFOUR © 2019 AFP

La Convention citoyenne sur la fin de vie remet demain son rapport au président Emmanuel Macron.

Ce dimanche, la Convention citoyenne sur la fin de vie, qui réunit depuis des mois 184 Français tirés au sort pour orienter l'action de l'exécutif, a approuvé le suicide assisté, selon leur rapport final.

76% des participants ont tranché en faveur de l'ouverture d'un accès à une aide active à mourir et 23% se sont prononcés contre, mettant en avant la méconnaissance et la faible application de la loi dite Claeys-Leonetti du 2 février 2016.

Certains, comme Pierre, qui passe ses journées dans son fauteuil électrique dans un établissement médicalisé près de Lille, n'ont pas décidé d'attendre la légalisation. Le Lillois a témoigné auprès de nos confrères de France Bleu Nord. Le septuagénaire, atteint de tétraplégie, à la suite d'une opération aux cervicales, a décidé de recourir à l'euthanasie dans le pays voisin, la Belgique, où elle est dépénalisée depuis 2002.

"J'ai perdu toutes les fonctions motrices que j'avais. Plus de possibilité d'aller aux toilettes, plus de possibilité de manger seul, donc je suis assisté pour tout. Quand je suis au lit avec mes deux barrières bloquées par des couvertures à droite et à gauche, je me dis: 'Mais qu'est-ce que tu fais là gamin? Qu'est-ce que tu fais là?'", confie-t-il à France Bleu.

Des funérailles déjà préparées

Dans quelques mois, il partira pour la Belgique. En attendant, il se prépare. S'il ne veut pas communiquer sa date de fin de vie, Pierre, qui se dit "très apaisé" a déjà prévu ses funérailles. "J'ai même prévu une petite chanson pour mes funérailles: 'Buvons encore une dernière fois à l'amitié, l'amour, la joie. On a fêté nos retrouvailles, ça fait de la peine, mais il faut que je m'en aille."

Pierre a dû rencontrer deux médecins belges pour valider son dossier. Une procédure qui a duré un an afin de réflechir et régler toutes les démarches qui ont coûté un peu plus de 10.000 euros. "Il faut être riche pour mourir", admet Pierre. Pour lui, qui souhaite le droit à l'euthanasie pour tous les Français, c'est une situation inéquitable.

Le président Emmanuel Macron, qui s'était par le passé prononcé pour une évolution de la loi, s'abstient désormais de se prononcer clairement. Il doit recevoir demain les participants à la Convention pour dire quelles suites il compte donner à leur travail.

Camille Bluteau