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Succession

Arnaques: ces faux notaires vous promettent un héritage en échange de droits de succession

Relayé par Ouest France, le témoignage d'un Rennais démontre l'ingéniosité dont font preuve ces arnaqueurs, avec des sites frauduleux réalistes et des discours crédibles, pour tenter d'escroquer des personnes endeuillées.

"Allo, Monsieur X? Il vous reste un héritage à toucher de votre défunte mère". Il peut arriver, à la suite du décès d'un parent, d'être contacté par un établissement financier pour percevoir le capital d'une assurance vie ou d'une assurance décès. Une situation dont des escrocs choisissent de profiter en se faisant passer pour de faux notaires, et en réclamant des frais à leurs victimes qui pensent bénéficier d'un héritage dans la foulée.

C'est précisément ce qui est arrivé à un Rennais, dont le témoignage est relayé ce jeudi 11 janvier par le journal Ouest France, et probablement par de nombreuses autres personnes endeuillées. Dans sa boîte aux lettres, l'homme tombe un jour sur une lettre qui retient son attention. Signé de la société d'assurance vie suisse Swiss Life, le courrier lui apprend qu'il est l'ayant-droit d'un capital décès qui lui revient après la disparition de sa mère.

Un capital de 280.000 euros à percevoir

Et pour percevoir cette somme qui lui est due, la société d'assurance l'invite à contacter une étude notariale basée dans les Hauts-de-Seine, en France. Dans le courrier, sont détaillés son adresse, son numéro de téléphone, son numéro de siret et son site internet.

D'abord sur ses gardes, l'homme va procéder à quelques vérifications en se rendant sur le site internet indiqué. Bien fait et crédible, ce site frauduleux n'éveille pas ses soupçons puisqu'il finit par appeler le numéro indiqué.

Là encore, l'arnaque est bien rodée avec une musique d'attente à l'autre bout du fil et une standardiste qui le met en attente. Lorsqu'il parle au faux notaire, celui-ci lui indique qu’une somme de 280.000 euros lui revient.

14.000 euros de droits de succession à verser

Pour ce faire, le Rennais doit remplir un protocole de confidentialité et une procuration donnant mandat au prétendu notaire pour récupérer le capital décès. Mais avant cela, il doit verser au notaire un peu plus de 14.000 euros au titre des prétendus droits de succession.

Cette fois-ci, ces sommes importantes éveillent les soupçons de la victime.

"Mes parents étaient cultivateurs et la somme à percevoir me paraissait énorme", explique-t-il dans les colonnes de Ouest France. "Mais si ces escrocs m’avaient dit qu’il y avait 25.000 euros à percevoir et que les frais de succession s’élevaient à 2.000 ou 3.000 euros, là, peut-être que j’aurai marché", admet-il.

Flairant l'arnaque, il décide alors de contacter Swiss Life qui lui assure n'avoir aucun capital décès à son nom.

Un modus operandi bien rodé

Le modus operandi de cette escroquerie, dont les premiers signalements sont remontés en 2020, est bien rodé. Après avoir passé en revue les avis d'obsèques, les escrocs contactent les descendants des personnes décédées et mettent en place le piège, comme le racontait déjà le journal local en 2020.

"Ces pseudo-notaires ne manquent pas d’imagination, usurpent des logos d’études… Certains disposent même d’un site internet et d’une plateforme téléphonique pour répondre à la victime", expliquait la chambre départementale des notaires.

"Au téléphone, mon interlocuteur était très crédible", confirme le Rennais auprès du quotidien. Site internet bien léché, standardiste... Les auteurs de cette tentative de fraude ont même pensé à inscrire l'étude notariale dans les pages jaunes.

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Des précautions à prendre

"Pour se protéger, le premier réflexe est de se rendre sur le site notaires.fr sur lequel sont référencés tous les notaires de France avec leurs coordonnées exactes", nous rappelle le conseil supérieur du notariat. "En cas de doute, réalisez un signalement auprès de la chambre des notaires de votre région", précise-t-on aussi.

Prudence toutefois puisque les notaires peuvent eux-mêmes être victimes de piratages. Dans ce cas, non seulement les escrocs utilisent la signature, le logo et le nom d'une vraie étude notariale mais ils peuvent aussi accéder aux noms et contacts des clients.

C'est comme cela que des acheteurs immobiliers se sont retrouvés, comme nous le racontions en 2022, à verser des sommes de six chiffres à des arnaqueurs alors qu'ils pensaient virer cette somme à leur notaire.

En cas de doute, le mieux est donc d'appeler votre notaire par téléphone ou de vous rendre directement dans les bureaux de l'étude notariale.

Nina Le Clerre