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L'Europe peut-elle mourir? Thierry Breton "partage l'inquiétude existentielle du chef de l’état"

Sur France Inter, Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, se déclare en total accord avec les propos d'Emmanuel Macron sur le risque existentiel qui menace l'Europe.

"Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe, aujourd'hui, est mortelle, elle peut mourir", cette phrase choc d'Emmanuel Macron lors de son discours à la Sorbonne le 25 avril a eu un fort retentissement en Europe. Cette crainte est partagée par Thierry Breton. Lundi, sur France Inter, le commissaire européen au marché intérieur, a dit partager cette "inquiétude existentielle" du chef de l’état.

"Je la partage d'autant plus qu'elle fonde mon quotidien", a déclaré Thierry Breton en confirmant que l'Union européenne "fait des jaloux et contre laquelle s'opposent les grands acteurs mondiaux, au premier rang la Russie."

Cette opinion s'appuie sur les actions antieuropéennes imputées à Moscou ces dernières années. Thierry Breton évoque plusieurs éléments de déstabilisation de l'Europe dans lesquels la Russie a été plutôt active. Il cite les thèses conspirationnistes sur les vaccins anticovid et les annonces concernant le vaccin Sputnik, les vagues de cyberattaques, ainsi que "l'utilisation des migrants comme arme hybride" contre l'UE.

"Le véritable projet européen est d'être ensemble pour faire face à ces risques. Sinon, ce sera la fin du projet européen, on se fera balayer", avertit le commissaire européen.

La dissuasion française au service de l'Europe?

Pour affronter ces menaces, Thierry Breton insiste sur la nécessité de mettre au point des projets en commun, notamment la création d'un bouclier antimissile pour défendre l'Europe d'attaques aériennes. Ce dispositif, a-t-il rappelé, a été abordé dans le livre blanc de Josep Borrell, vice-président de la Commission européenne, visant à définir les orientations de la sécurité et de la défense européennes jusqu’en 2030.

"Nous avons une doctrine de défense pour l'aérien, l'espace, le cyber et le maritime. Il n'y a pas d'autres choix que de travailler ensemble", estime Thierry Breton.

Ce travail en commun doit-il concerner la dissuasion. Samedi, le chef de l'État s'est prononcé en faveur de l'ouverture d'un débat au sujet d'une défense européenne qui comprendrait aussi l'arme nucléaire.

"Je suis pour ouvrir ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d'armes de longue portée, l'arme nucléaire pour ceux qui l'ont ou qui disposent sur leur sol de l'arme nucléaire américaine. Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible", a déclaré Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron: "Notre Europe peut mourir" – 25/04
Emmanuel Macron: "Notre Europe peut mourir" – 25/04
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Cette déclaration a été attaquée par les adversaires politiques du chef de l'Etat qui estime que la souveraineté de la France serait bradée.

"Ces réactions sont politiciennes", a réagi Thierry Breton. Rappelant que "les intérêts vitaux de la France ont une dimension européenne". Il souligne par contre que le pouvoir de décision d'actionner l'arme nucléaire ne peut être partagé.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco