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Défense

Missiles longue portée: ce que l'on sait des Scalp livrés à l'Ukraine par la France

Après l'annonce d'Emmanuel Macron sur l'envoi de missiles longues portée Scalp à l'Ukraine, des questions ont été soulevées sur leur usage, la quantité et les délais de livraison. On en sait désormais un peu plus sur ces points.

L'annonce d'Emmanuel Macron depuis le sommet de l'Otan à Vilnius (Lituanie) de livrer des missiles Scalp à l'Ukraine a fait du bruit. Nous en savons un peu plus sur cet armement visant à donner à Kiev les moyens de mener efficacement une contre-offensive contre les troupes russes installées sur son territoire.

Tout d'abord, il ne s'agit pas d'une promesse à réaliser dans le futur. A BFMTV, une source militaire soulignait ce mardi que des Scalp sont déjà arrivés en Ukraine.

"Les premiers missiles ont été livrés en même temps que l'annonce", a précisé cette source, en marge du sommet de l'Otan à Vilnius.

Combien la France compte en livrer? La réponse reste secrète. "C'est un signalement stratégique qui pourrait intéresser les Russes", a répondu le ministre des Armées Sébastien Lecornu lors d'un entretien sur LCI.

Des restrictions dans l'usage

Autre détail d'importance, les modèles fournis à l'armée ukrainienne ne sont pas ceux utilisés par la France dont la portée est de 500 kilomètres. Il s'agit de la version d'une portée de 250 kilomètres, a précisé Sébastien Lecornu.

Si la distance est moindre, elle permet des frappes dans la profondeur sur les zones situées dans l'Est du pays aujourd'hui contrôlées par les Russes.

"C'est une arme qui permet d'appuyer une percée, d'aller frapper des centres de commandement militaire, des intérêts stratégiques militaires russes, bien au-delà de la ligne de front", explique Sébastien Lecornu.

"C'est essentiel aux forces ukrainiennes pour perturber la logistique ainsi que le commandement et le contrôle russes", explique à l'AFP Ivan Klyszcz, chercheur au Centre international pour la défense et la sécurité (ICDS), en Estonie.

Cet usage défensif est dans la doctrine de la France sur l'aide militaire à l'Ukraine qui exclue toute utilisation pour frapper la Russie sur son territoire.

"On n'a pas poser cette question pour les LRU qui permettent aussi de faire des frappes dans la profondeur. Toutes les armes peuvent être escalatoires. C'est la manière dont on s'en sert qui compte", indique le ministre des Armées.

Sur quels avions?

Reste enfin la manière dont les Scalp seront utilisés. "Ils seront systèmatiquement tirés depuis un aéronef", confirme le ministre. Comme les Storm Shadow britanniques, ils ont été conçus pour des avions de combat occidentaux.

Mais, en attendant les F-16, l'Ukraine aurait déjà commencé à se servir de ceux envoyés par le Royaume Uni. Pour cela, Kiev aurait fait modifier un Su-24MR "Yellow 60" de la 7e brigade d'aviation tactique.

Une photo a été diffusée par le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov, montrant cet appareil de reconnaissance armé d'un Storm Shadow. L'image porte même un message manuscrit du ministre de la Défense britannique Ben Wallace: "A tous les braves qui risquent tout pour la gloire de l'Ukraine".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco