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Défense

La Suisse autorise la vente de chars Leopard 2 à l'Allemagne mais interdit de les envoyer en Ukraine

Un Leopard suisse pendant un entraînement

Un Leopard suisse pendant un entraînement - Fabrice COFFRINI

Les sénateurs suisses ont validé la proposition de vente de chars de combat à l'Allemagne en interdisant, au nom du principe de neutralité leur transfert vers un pays en guerre, en l'occurence l'Ukraine.

La Suisse pourra revendre à l'Allemagne 25 chars de combat Leopard 2, qui sont actuellement désaffectés, mais Berlin ne pourra pas les envoyer en Ukraine, après un vote au Parlement.

Les sénateurs suisses ont validé la proposition de vente faite par la chambre basse en juin, par 23 voix pour, 18 contre et 2 abstentions, lors du débat sur les crédits militaires, a rapporté l'agence de presse suisse Keystone-ATS.

L'armée suisse dispose de 134 Leopard 2 en service, lesquels ont été modernisés dans le cadre du programme d'armement 2006. Mais elle stocke par ailleurs depuis des années 96 autres chars Leopard 2 qui sont régulièrement testés mais n'ont pas été modernisés.

Le 23 février, les ministres allemands de la Défense, Boris Pistorius, et de l'Economie, Robert Habeck, avaient écrit à la ministre suisse de la Défense pour lui demander de bien vouloir revendre ces chars désaffectés à Rheinmetall, l'entreprise allemande qui les a produits.

La neutralité fait débat

Comme la Suisse interdit au nom de sa neutralité le transfert de matériel militaire vers un pays en guerre, Berlin s'est engagé à ne pas les transférer à l'Ukraine, mais à les garder pour l'Allemagne ou pour d'autres partenaires de l'OTAN ou de l'UE désireux de compléter leur propre armement.

En mai, le Conseil fédéral (gouvernement suisse) avait apporté son soutien à une proposition de la Commission de politique de sécurité de la chambre basse du parlement visant à mettre 25 de ces chars de combat Leopard 2 hors service. Le gouvernement avait alors expliqué que l'armée n'a besoin que de 71 chars parmi les 96 qui sont immobilisés.

"Pour les 25 unités restantes, aucune affectation n'est prévue; celles-ci pourront donc être mises hors service et être revendues sans que cela se fasse au détriment de l'armée", avait indiqué le Conseil fédéral (gouvernement) dans un communiqué.

La neutralité suisse provoque de nombreux débats dans le pays alpin depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022. Si la Suisse - qui ne fait pas partie de l'Union européenne - a adopté toutes les sanctions instaurées contre la Russie par Bruxelles, elle s'est en revanche montré inflexible sur sa neutralité militaire.

PS avec AFP