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Défense

Armes, munitions: la stratégie du gouvernement pour faire de l'économie de guerre une réalité

Le ministre des Armées tenait mardi une conférence de presse dédiée au "renforcement industriel" pour l'armement et les munitions. Il "n'exclut pas" des réquisitions pour accélérer la production.

Face à une production industrielle de défense qui ne va pas assez vite, Sébastien Lecornu sort le bâton. Le ministre des Armées n'exclut plus de recourir à des réquisitions de personnels, de stocks ou d'outils de production. Il s'agit, explique le ministre, "de faire jouer les pouvoirs de police". L'armée pourra par exemple imposer à un industriel d'accorder la priorité aux besoins militaires par rapport aux besoins civils.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, c'est toute l'industrie de défense française qui est poussée à monter en cadence pour produire plus vite et en plus grande quantité. Les industriels du secteur ont plus ou moins répondu présent. Il est vrai que l'accélération brutale de la production demande souvent de lourds investissements et du temps, en particulier pour créer des nouvelles lignes de production. Une montée en cadence qui est aussi fondamentale pour muscler les exportations.

"Aujourd'hui la France perd des contrats", s'agace Sébastien Lecornu. "Nous avons récemment perdu un contrat avec des clients potentiels en Europe de l'Est car nos délais étaient trop dégradés face à la concurrence. Nous avons des clients pressés."
Eric Béranger, PDG du groupe MBDA - 20/06
Eric Béranger, PDG du groupe MBDA - 20/06
8:05

La carotte et le bâton

Apres avoir parfois "tordu le bras" à certains industriels pour qu'ils accélèrent, le ministre des Armées se veut aujourd'hui plus protecteur. "Merci aux industriels pour leurs efforts, merci aux salariés", a-t-il répété.

"C'est toujours facile quand on est assis a Paris de demander aux ouvriers de travailler plus vite et plus dur! Il faut demander une approche respectueuse et plus sociale."

Malgré notre "perte de muscle industriel" ces dernières années, explique Sébastien Lecornu, l'économie de guerre commence à être une réalité.

Dans certains cas les délais de livraison pour l'armée française ont été raccourcis. Le ministère à par exemple une commande en cours de d'environs 2.500 missiles (antichar, Mistral, Aster, Mica-NG) pour plus de deux milliards d'euros. La plupart seront livrés dès cet été au lieu de 2026.

"Nous nous inspirons discrètement de l'industrie automobile capable de produire en masse avec des hauts niveaux de technologie". conclut Sébastien Lecornu, désireux d'emprunter au civil les armes pour réorienter l'industrie de défense.

Des industriels qui vont cependant encore avoir besoin de temps pour adopter cette culture de la production de masse. C'est en substance ce que disait il y a quelques jours le patron de MBDA Éric Beranger à l'occasion de la publication des résultats annuels: "un athlète qui va aux Jeux olympiques ne devient pas d'un seul coup un champion. Il a besoin de plusieurs années d'entraînement".

Jean-Baptiste Huet Journaliste BFM Business