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Casino: les cessions de magasins se précisent, l'avenir du siège de Saint-Étienne en suspens

Le distributeur s'apprête à céder plus d'hypermarchés et de supermarchés que ce qui était prévu dans le plan de reprise de Daniel Kretinsky. Le milliardaire tchèque aurait poussé en ce sens, selon la presse britannique.

Daniel Kretinsky, qui est déjà l'un de ses plus gros actionnaires de Casino, et qui doit prendre les rênes en mars avec Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor, a mis la pression sur la direction du distributeur pour qu'il vende davantage d'hypermarchés et de supermarchés, selon le Financial Times.

Le plan de reprise de l'homme d'affaires tchèque prévoit déjà la cession de 133 magasins en deux vagues au Groupement Les Mousquetaires, la maison-mère d'Intermarché, avec une option sur une troisième vague. Selon nos informations, il n'est pas exclu qu'Intermarché en veuille plus. Contactée par BFM Business, la direction du distributeur concurrent n'a pas souhaité commenter, mais Les Mousquetaires "seront certainement dans le jeu dans le cadre d'un processus concurrentiel", nous dit une source.

Les concurrents s'organisent

Dans le cadre de ce "processus concurrentiel", les équipes de plusieurs autres distributeurs phosphorent depuis quelques jours pour voir ce qu'il est possible de faire. Sollicités, ils n'ont pas souhaité commenter, mais comme l'indiquait BFM Business mardi, Auchan, mais aussi Carrefour ou Système U, regardent de très près ce dossier, avec plus ou moins de prudence, d'ailleurs.

Le mauvais état d'une partie des magasins, inquiète certains d'entre eux qui seraient donc davantage enclins, d'après nos informations, à effectuer des rachats "stratégiques", "locaux", "complémentaires" avec ce qu'ils ont déjà, plutôt que massifs. L'emplacement des magasins à racheter est devenu un point-clé du fait de la politique de zéro artificialisation des sols qui rend le foncier rare.

Selon le Financial Times, LIDL et Aldi prépareraient aussi des offres. Michel-Édouard Leclerc a aussi laissé la porte ouverte à de possibles acquisitions, en début de semaine, sur le plateau de BFMTV.

Pour rappel, Casino est toujours en procédure de sauvegarde accélérée sous l'égide d'administrateurs judiciaires. Le distributeur a confirmé lundi qu'il avait reçu des "marques d'intérêt", qui seront "analysées dans les prochaines semaines".

La pérennité du siège de Saint-Étienne en question

En tous cas, face à ces nouvelles cessions à venir, les représentants des salariés s'inquiètent et les cinq organisations syndicales de Casino se sont constituées en intersyndicale.

D'après l'une des porte-parole, Nathalie Devienne (FO), qui s'est exprimée auprès de l'AFP, les salariés craignent "un dépeçage du groupe, avec une nouvelle vague de vente de magasins qui aura des conséquences lourdes pour les autres filiales, la logistique et les sièges sociaux".

La question du maintien du siège de Casino à Saint-Étienne est brûlante. Selon plusieurs sources, étant donné l'état du groupe et dans l'hypothèse d'une nouvelle cessions d'hypermarchés et de supermarchés, il va être extrêmement difficile de maintenir la pérennité de ce siège. "On ne peut pas se délester d'autant d'hypermarchés et de supermarchés sans voir qu'il y a un problème avec le siège", estime un bon connaisseur du secteur, qui précise: "Le probleme d'un siège, c'est qu'il faut qu'il y ait du chiffre derriere, et là, cela ne tient plus debout".

La pérennité de ce siège à Saint-Étienne, créé en 1898 par Geoffroy Guichard, est en quelque sorte une "ligne rouge" posée par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, qui avait déclaré en juillet que l'État serait "vigilant sur l'emploi" et "sur le maintien de ce siège à Saint-Étienne." Une position que réaffirme ce mercredi Bercy, contacté par BFM Business. Cet été aussi, l'équipe des repreneurs a fait savoir qu'il avait "vocation à devenir un centre d'innovation pour le groupe".

D'après La Lettre, le futur directeur général de Casino, Philippe Palazzi, travaille avec le cabinet Bain&Company sur l'avenir des sièges et des entrepôts logistiques de Casino. Il serait question de regrouper les sièges de Franprix et Monoprix, qui sont aujourd'hui respectivement à Vitry et à Clichy, à Saint-Étienne. Entre les entrepôts et les sièges, l'avenir de plusieurs milliers d'emplois est en jeu.

Pauline Tattevin