BFM Business
Agriculture

Agriculture: à quoi va ressembler le nouveau plan Écophyto

Ce dispositif visant à réduire de moitié l'usage des pesticides a été l'une des principales raisons de la colère des agriculteurs.

En pleine crise des agriculteurs en début d'année, le gouvernement, pour apaiser les esprits, avait décidé de "mettre en pause", la nouvelle version du plan Ecophyto, un dispositif vieux de 16 ans visant à réduire de moitié l'usage des pesticides, notamment pour les grandes cultures mais qui n'a jamais démontré son efficacité.

"Nous allons remettre sur l'ouvrage le plan Ecophyto, le mettre donc en pause, le temps d'en retravailler un certain nombre d'aspects, de le simplifier", avait alors déclaré le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.

Qu'est-ce que le plan Ecophyto sur les pesticides?
Qu'est-ce que le plan Ecophyto sur les pesticides?
5:01

Trois mois plus tard, on en sait plus sur les ambitions gouvernementales. Dans un entretien au Parisien, le ministre donne les grandes lignes de ce plan qui doit être officiellement détaillé le 6 mai.

Accélérer la R&D pour trouver des solutions alternatives

Un des axes majeur est de faire en sorte de trouver des solutions alternatives à 75 molécules, représentant "79% des volumes vendus en France en 2022" selon l'Inrae, qui sont les plus exposées à un risque de retrait du marché dans les 5-7 prochaines années.

"Objectivement, on n’y avait jusque-là pas mis les moyens. Mettre 250 millions d’euros par an dont 150 millions sur la recherche et 50 millions d’euros pour financer du matériel, c’est absolument inédit! On sait que certaines molécules peuvent à terme disparaître car elles ne seront pas re-homologuées au niveau européen. Nous cherchons donc immédiatement des solutions pour ne pas ensuite nous retrouver dans une impasse. C’est pourquoi nous avons lancé un plan de recherche et déploiement d’alternatives filière par filière et usage par usage", explique Marc Fesneau.

Face aux critiques des associations écologiques sur la permanence de solutions chimiques, le ministre se justifie: "Quand on développe des alternatives, tout le monde y gagne. Les agriculteurs sont les premiers à réclamer de pouvoir cultiver avec moins de produits à risque. Au lieu d’opposer ceux qui veulent interdire les phyto et ceux qui ne le veulent pas car ils disent ne pas avoir d’autres choix, on sort de l’incantation pour entrer dans un panier de solutions".

Autre mesure prévue, le changement d'un indicateur servant à mesurer la baisse de l’usage des fongicides. Un choix qui ne fait pas l'unanimité.

Nouvel indicateur d'usage

"Si l’on n’utilisait pas le même indicateur que nos voisins, à quoi cela servirait-il?", souligne le ministre.

"C’est comme si, pour notre objectif climatique de réduction d’émissions de CO2, nous avions notre propre calculateur et le reste de l’Europe un autre. Le but du HRI1 est par ailleurs de prioriser les molécules les plus dangereuses. Aujourd’hui, certains produits ne posent aucun problème de toxicité. Ni pour l’être humain, ni pour les écosystèmes. Ce n’est pas parce que ce sont des produits chimiques qu’il faut les interdire. On utilise aussi de la chimie pour se soigner".

Et de souligner: "ne vaut-il pas mieux réduire en priorité la trajectoire des molécules les plus à risque? Certaines associations veulent en réalité supprimer tous les produits phytosanitaires. Or, on ne sait pas faire ça".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business