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Economie

En pleine crise, le patron de Boeing doit être augmenté de 45%

Une influente agence de conseil au vote recommande aux actionnaires de rejeter la rémunération de David Calhoun, qui va quitter ses fonctions des suites des dysfonctionnements affectant l'avionneur.

Peut-on faire perdre 4 milliards de dollars à son entreprise en un trimestre, et voir son salaire augmenter de 45%? David Calhoun, le PDG de Boeing, serait tenté de répondre par l'affirmative: le 17 mai, sa rémunération pourrait bondir malgré le catastrophique début d'année de Boeing.

Le patron doit toucher 32,8 millions de dollars (soit 30,2 millions d'euros) au titre de 2023, une augmentation de presque moitié sur un an. Son salaire de base, 1,4 million de dollars de dollars, devrait en effet se voir complété d'une prime, via une attribution d'actions, de l'ordre de 30 millions de dollars, somme décidée par le conseil d'administration.

Cette rémunération exceptionnelle est boostée par l'ancienneté, alors que le dirigeant a touché 22,8 millions de dollars pour l'exercice 2022. Ses incitations financières à long-terme augmentent aussi.

Rejet des actionnaires?

Cette prime, en dépit des résultats catastrophiques de Boeing, pourrait être retoquée: la principale agence de conseil aux actionnaires, ISS, a conseillé aux actionnaires de retoquer la mesure, qui sera soumise aux votes le 17 mai. Elle pointe les primes relatives à l'ancienneté, et l'utilisation excessive de jets privés par Calhoun: 515.000 dollars sur l'année, ce qui dépasse "largement" la moyenne des grands patrons du S&P 500, principal indice boursier américain.

L'approbation de cette rémunération dépendra de l'attitude des principaux actionnaires: si l'actionnariat de Boeing est très éclaté, les gestionnaires de fonds Vanguard (7,94%), Newport (5,31%), et BlackRock (4,36%) détiennent un droit de regard important sur la politique de Boeing.

Après l'arrachement d'une porte, en plein vol, sur un 737 MAX d'Alaska Airlines en janvier, Boeing a perdu près de 4 milliards de dollars, dont 443 millions ont été payés en dédommagement. Divers incidents se sont depuis produits, y compris sur des appareils long-courrier comme le 787 et 777, historiquement épargnés. Une enquête a même été lancée par le Congrès américain, pour faire la lumière sur les défaillances répétées.

Valentin Grille