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9 contre 23 euros le kg: l'agneau néo-zélandais concurrence-t-il de manière "déloyale" le français?

La Fédération nationale ovine et la Confédération paysanne ont fait part de leur agacement quant à la vente et la promotion de gigots d'agneaux venus de Nouvelle-Zélande, proposés dans les rayons des supermarchés pour les fêtes de Pâques.

La présence importante d'agneaux néo-zélandais dans les rayons au moment des fêtes de Pâques agace la Fédération nationale ovine et la Confédération paysanne qui dénoncent une concurrence déloyale, notamment en raison des carences sur les indications d'origine et de conservation.

"Quand une grande enseigne fait de la publicité à la radio pour un gigot à 9 euros le kilo sans préciser que c'est forcément d'un pays tiers [hors Union européenne], donc très vraisemblablement de Nouvelle-Zélande, pour nous c'est de la concurrence promotionnelle complètement déloyale", indique à l'AFP Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, branche de la FNSEA.

Selon l'organisme public FranceAgriMer, le prix moyen du gigot produit en France en grandes et moyennes surfaces est en mars de près de 23 euros le kilogramme.

L'agneau français est rare et cher

Par ailleurs, "il n'y a pas d'indication sur le mode de conservation ou la date d'abattage. Or on peut trouver de l'agneau réfrigéré, sous atmosphère contrôlée, qui va se retrouver dans le rayon frais alors que l'agneau a été abattu en décembre ou janvier et a fait 10 ou 12 semaines en bateau dans un container à 2°", déclare Michèle Boudoin.

"On sait que la production française ne couvre qu'environ la moitié de la consommation française et qu'il faut des importations", remarque la responsable. "Ce qui nous gêne, c'est la concurrence déloyale."

En raison d'un manque d'offre, les prix de vente des éleveurs français de brebis sont à un niveau record. Mais cette embellie n'apporte pas grand chose si les éleveurs continuent à disparaître, remarque Michèle Boudoin: le nombre d'exploitations ovines et caprines a baissé de 36% entre 2010 et 2020 et leur revenu est parmi les plus faibles des filières agricoles (le revenu courant avant impôt des éleveurs de chèvres et de brebis était de moins de 20.000 euros par an en 2022). Des exploitations de plus petites tailles que celles de Nouvelle-Zélande, où produire cette viande coûte donc plus cher.

Opposés à l'accord entre l'UE et la Nouvelle-Zélande

Comme la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, elle dénonce le nouvel accord entre l'UE et la Nouvelle-Zélande, qui entre en vigueur le 1er mai. Le texte prévoit d'augmenter de 38.000 tonnes équivalent carcasse le volume d'importations de viande ovine autorisé sans droits de douanes, actuellement fixé à 125.769 tonnes.

Cet accord "va créer un appel d'air supplémentaire à l'importation", estime la Confédération dans un communiqué publié mercredi.

"Quelle absurdité d'importer de l'autre bout de la planète des agneaux qui pourraient être produits" en France, ajoute l'organisation, demandant "des prix minimums d'entrée sur le territoire national fixés à la hauteur de nos prix de revient, pour neutraliser la concurrence déloyale".

T.C. avec AFP