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Zones à faibles émissions: les automobilistes français mal informés et inquiets

Embouteillages sur le périphérique parisien. (Photo d'illustration)

Embouteillages sur le périphérique parisien. (Photo d'illustration) - Pierre Verdy - AFP

Peu de Français sont encore au courant de la mise en place des ZFE (zones à faibles émissions) dans les grandes agglomérations, mais une majorité se dit favorable à leur mise en place. Beaucoup d'automobilistes craignent surtout de ne pas avoir les moyens de changer de véhicule.

Ce sont des millions de véhicules sur le point (ou déjà) interdits de circuler dans de nombreuses grandes villes de France. Les ZFE (pour zones à faibles émissions) visent en effet à limiter la pollution automobile dans les grandes agglomérations et sont en cours de mise en place, ou déjà en vigueur, mais sans pour le moment réellement sanctionner les potentiels contrevenants. Une phase dite "pédagogique", nécessaire pour laisser les Français s'adapter à cette nouvelle réglementation, mais qui est aussi à l'origine d'une certaine cacophonie.

Peu de Français au courant

Les Français sont d'ailleurs encore peu nombreux à être informés de ce dispositif, comme l'indique une enquête CSA* pour l'association AEE Eco Entretien, qui réunit des acteurs de la distribution automobile. Seulement 37% des Français concernés (qui vivent dans des ZFE), sont capables de donner la bonne définition de ce dispositif.

Un dispositif relativement complexe vu que chaque agglomération (43 au total en France) met en place un calendrier d'interdiction qui peut concerner les professionnels uniquement mais aussi les particuliers, avec des calendriers d'interdiction différents.

Les véhicules interdits de circuler (en journée et en semaine par exemple dans le Grand Paris) le sont en fonction de leur motorisation et de leur ancienneté, via les vignettes Crit'Air. Et sur ce point, les automobilistes français semblent là aussi mal informés, avec seulement 29% capables de donner le numéro de vignette associé à leur véhicule. Et malheureusement, ce taux baisse pour les catégories pourtant les plus concernées: 21% pour les Crit'Air 3, 14% pour les détenteurs de véhicules Crit'Air 4 et 5.

"Le problème c'est que les Français concernés n'ont pas vraiment les moyens de changer de voiture, souligne Etienne Diot, délégué général de l'association Eco Entretien. Il y a une réalité en termes de pouvoir d'achat et du parc roulant existant, avec une moyenne d'âge de 11 ans pour une voiture en France."

Malgré les aides déjà en place, bonus et prime à la conversion, ou celles envisagées comme le leasing à 100 euros par mois proposé par le président-candidat Emmanuel Macron, "plus d’un tiers des personnes impactées par la ZFE ne serait pas capable d’allouer un budget pour acheter un nouveau véhicule mieux classé", souligne l'étude.

Plus d'un tiers des personnes directement concernées, un tiers ne serait pas en mesure d'allouer un budget nécessaire pour acquérir un véhicule au mieux Crit'Air 1. Dans ce contexte, près d'un automobiliste sur cinq se dit prêt à braver l'interdit et à risquer une amende, avec une vidéoverbalisation qui doit être prochainement mise en place dans différentes ZFE.

Une majorité favorable à la mise en place des ZFE

"Ce qui est encourageant, c'est qu'une majorité de Français sont favorables à la mise en place des ZFE, explique Etienne Diot. Il faut trouver des solutions réalistes face à cet enjeu environnemental et de santé publique en proposant des solutions multiples, comme l'entretien du parc roulant existant."

57% des Français se disent en effet favorables à la mise en place des ZFE, et le taux grimpe à 74% chez les personnes qui se sentent suffisamment informées.

L'association Eco Entretien, qui a commandé ce sondage, propose en particulier d'inciter les Français à mieux entretenir leur véhicule, et, pourquoi pas, de récompenser les bons comportements avec des dérogations d'interdiction.

"Un véhicule bien entretenu c'est un véhicule qui consomme moins, qui coûte donc moins cher et qui pollue moins", met en avant Etienne Diot.

De son côté, Franck Cazenave, expert en mobilité cité dans le communiqué de l'association propose la mise en place d'un observatoire visant à une mise en place plus intelligente des ZFE:

"Un observatoire des ZFE devrait être mis en place avec des représentants de l‘automobile, des automobilistes et des pouvoirs publics, parlementaires et élus des agglomérations. Ses missions seraient d’expliquer les enjeux des ZFE, d’enquêter sur leur impact, d’étudier des assouplissements au cadre légal et trouver des solutions pour les ménages les plus fragiles financièrement pour éviter des drames sociaux."

*Précisions méthodologiques : Enquête Online menée du 8 au 22 février 2022 auprès d’un échantillon représentatif de 1 587 français âgés de 18 ans et plus dont 968 français directement impactés par les ZFE avec au moins un de leurs véhicules. • Méthode des quotas sur des variables de sexe, âge, profession, région et taille d’agglomération d’après les données de recensement INSEE et sur les Crit’Air des véhicules possédés dans le foyer.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto