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"Amendement Ferrari": les voitures de luxe à moteur thermique pourront-elles toujours être vendues en 2035?

Un "amendement Ferrari" à l'interdiction de la vente des voitures thermiques neuves en Europe exempte les marques à faibles volumes, dont les marques de luxe. Mais un nouveau vote attendu fin juin au Conseil de l'Europe pourrait revenir sur cette décision.

Alors que l'Europe vient d'acter la décision historique d'interdire les ventes de voitures neuves thermiques dès 2035, c'est une exception qui suscite de vives réactions.

"Amendement Ferrari"

Un amendement prévoit en effet un régime de faveur pour les constructeurs qui vendent moins de 10.000 véhicules neufs par an. Un texte baptisé "amendement Ferrari" car ses auteurs sont majoritairement italiens et qu'il concerne des marques de luxe comme celle au cheval cabré ou son grand rival Lamborghini.

Avec différentes catégories: certaines marques pourraient continuer à vendre des voitures équipées de moteurs thermiques, jusqu'en 2036, soit un an de plus pour s'adapter et passer au zéro émission. Cela concerne ceux qui vendent entre 1000 et 10.000 unités par an. Si Ferrari et Lamborghini n'apparaissent pas dans les statistiques officielles européennes de l'ACEA, cet amendement concernerait des marques comme Aston Martin (2007 ventes en 2021) ou Maserati (4239 ventes).

On retrouve également les utilitaires légers (moins de 3,5 tonnes) pour les constructeurs qui en vendent entre 1000 et 22.000 unités par an. Des volumes relativement faibles qui peuvent concerner des véhicules d'intervention comme des ambulances par exemple.

Pour ces deux catégories, le délai d'un an supplémentaire serait aussi assorti d'une trajectoire moins contraignante pour atteindre le zéro émission. En clair: alors que les marques qui vendent plus de 10.000 unités par an seront soumis à des étapes. En 2025, ils devront réduire les émissions de CO2 de leurs véhicules vendus de 15% par rapport à 2021, de 55% en 2030 et donc de 100% en 2035.

Deuxième catégorie: les constructeurs qui vendent moins de 1000 unités par an (ce qui ne concerne a priori ni Ferrari ou Lamborghini) et qui eux seraient totalement exemptés de l'interdiction de vendre des voitures thermiques.

Un "deux poids deux mesures" à supprimer?

Concrètement, difficile d'évaluer ce que représenterait une telle adaptation en termes d'émissions de CO2, par rapport au vote historique de mercredi.

Surtout dans un secteur du luxe, qui compte bien se convertir à l'électrique. C'est par exemple le cas de Rolls-Royce, 589 unités vendues en 2021 (et dans une zone élargie à l'Union européenne, incluant notamment la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni). Théoriquement donc, la marque britannique prestigieuse pourrait donc échapper à l'interdiction avec de si faibles volumes, mais va bientôt présenter son premier modèle 100% électrique et prévoit une gamme entièrement zéro émission pour 2030.

Autre exemple: la nouvelle marque française de luxe, Hopium, qui vise de commercialiser uniquement des véhicules à hydrogène, alors que ses faibles volumes lui permettraient théoriquement de commercialiser des voitures thermiques.

Toutefois, cet amendement représente un "deux poids deux mesures" insupportable pour certains.

"La date de fin de vente des véhicules thermiques doit être 2035 pour les petits constructeurs afin d’aligner avec le reste des constructeurs et du marché", explique par exemple un porte-parole de l'ONG Transport & Environnement.

Même son de cloche du côté de la députée écologiste européenne Karima Delli:

"Symboliquement, il faut vraiment que cet amendement soit rejeté. La présidence française de l'Europe représente l'occasion de durcir la position affichée avec le vote du 8 juin."

Prochaine étape: le 28 juin, avec un vote des Etats membres du Conseil de l'Europe qui pourrait supprimer ce fameux "amendement Ferrari".

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto