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Immobilier Neuf

Le logement neuf touchera "un point bas" en 2012

Nexity prévoit 70 000 à 80 000 ventes en 2012

Nexity prévoit 70 000 à 80 000 ventes en 2012 - dr

Alain Dinin, PDG de Nexity anticipe une baisse de 20 à 30 % du nombre de ventes de logements neufs en France cette année. En l’absence de successeur au dispositif Scellier, le secteur devra se tourner vers d’autres relais de croissance.

Les prochains mois s’annoncent difficiles sur le marché résidentiel neuf. En marge de la présentation des résultats annuels du promoteur Nexity, mardi soir, le président-directeur général du groupe, Alain Dinin, a estimé que le secteur toucherait « un point bas » en 2012, avec seulement 70 000 à 80 000 ventes de logements. Soit 20 à 30 % de moins que les 100 000 transactions communément anticipées pour 2011 (les chiffres définitifs ne seront connus qu’à la fin du mois).

Conjonction de facteurs négatifs

Une chute spectaculaire, mais guère étonnante, que le dirigeant explique par une « conjonction de différents facteurs ». Pêle-mêle, on retiendra les « incertitudes macro-économiques majeures sur l’évolution de la crise des dettes souveraines, [l’]entrée vraisemblable en récession, [la] progression des taux de crédit immobilier, [la] réduction des volumes de crédits bancaires, [la] nouvelle réduction de l’avantage offert par le régime Scellier avant sa fin annoncée [fin 2012, NDLR], [les] modifications profondes du panorama fiscal (TVA, revenus, fiscalité patrimoniale…), [l’]attentisme avant les échéances électorales présidentielles et législatives, et [le] délai minimum de mise en oeuvre de nouvelles mesures fortes en faveur du logement ». Une « conjonction de facteurs » donc, qui devraient effectivement ramener le niveau d’activité du secteur vers ses « plus bas » de 2008 (79 400 ventes), si pas 2000 (75 183 transactions). Voire, si le coup se révèle plus dur que prévu, de 1995, quand moins de 63 000 biens neufs avaient trouvé preneur.

« Les inquiétudes sont fondées, commente Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris-Ouest, même si un petit regain d’activité en fin d’année n’est pas exclu ». L’économiste estime que 5 000 à 10 000 ventes ont été signées fin 2011 dans l’anticipation de la refonte du système d’aide à l’accession et à l’investissement immobilier. « La disparition définitive du dispositif Scellier au 31 décembre 2012 pourrait avoir un effet comparable », estime-t-il.

Dos rond

Au-delà, en l’absence d’un dispositif spécifique, la demande des investisseurs locatifs promet d’être (très) basse, et le secteur, qui s’est beaucoup reposé sur le succès du Scellier depuis 2009, devra apprendre à s’en passer. Confiant, Alain Dinin note que « les principaux candidats à l’élection présidentielle s’accordent sur un objectif moyen de production annuelle de l’ordre de 500 000 logements neufs par an. Si l’on déduit de cet objectif la part du logement social et celle de la maison individuelle, l’objectif pour le marché résidentiel privé serait de l’ordre de 150 000 nouveaux logements par an », poursuit-il. Soit un niveau « bien supérieur » aux plus hauts niveaux enregistrés depuis quinze ans. « La refonte de la politique du logement et l’adoption des mesures structurantes fortes qui seront nécessaires pour atteindre ces objectifs nous rendent sereins pour l’avenir », conclut Alain Dinin. Nul doute, cependant, que le secteur devra faire le dos rond pendant quelques mois, au moins.

Emmanuel Salbayre