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Entre Emmanuel Macron et le monde HLM, des relations toujours tendues

Sous le quinquennat Macron, un lien jamais rétabli avec les HLM

Sous le quinquennat Macron, un lien jamais rétabli avec les HLM - Mehdi Fedouache - AFP

Emmanuel Macron a imposé une réduction de loyer de solidarité dès 2017. Depuis, les relations ne se sont jamais apaisées.

Le mouvement HLM a été bousculé dès les premiers mois du quinquennat Macron et les relations entre le gouvernement et les premiers bailleurs de France ne se sont jamais complètement apaisées. Au coeur des critiques, la réduction de loyer de solidarité (RLS), imposée aux bailleurs sociaux dès le premier budget, en 2017.

Il s'agit d'une baisse de loyers imposée aux bailleurs sociaux, censée rendre "indolore" pour les locataires HLM, la réduction de leur Aide personnalisée au logement (APL). Initialement fixées à 1,5 milliard d'euros, les économies demandées ont été ramenées à 800 millions d'euros en 2018 et 2019, puis à 1,3 milliard par an jusqu'en 2022. "Ce tournant fut une erreur" a répété mardi lors de son discours d'ouverture du Congrès HLM Emmanuelle Cosse, la présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH) qui fédère l'ensemble des organismes HLM.

Cornes de brume, cartons rouges et sifflets: l'accueil du membre du gouvernement au Congrès HLM de 2017 à Strasbourg a été vif. Le secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires de l'époque, Julien Denormandie (devenu depuis ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation), fait face alors à la double opposition bruyante des associations de locataires et des bailleurs sociaux, qui lui reprochent la baisse des APL et ses répercussions sur les HLM.

Une deuxième visite plus apaisée

"Injuste", "pronostic vital" en jeu: le monde HLM s'agite. Mais ni la journée "portes closes" le 17 octobre, ni les manifestations pendant l'examen du budget ne suffiront pour amender significativement ces mesures. Le gouvernement met en avant des mesures de compensation, et assure que cette baisse des recettes ne remettra pas en cause les capacités du parc social d'investir dans la construction de nouveaux logements.

La deuxième visite au Congrès HLM de Julien Denormandie, en 2018 à Marseille, se fait dans un climat plus conciliant. Le secrétaire d'Etat est même poliment applaudi. Mais les revendications initiales des HLM demeurent intactes, auxquelles s'ajoutent les nouvelles craintes concernant les regroupements des petits bailleurs HLM demandés dans la loi "Elan".

La réduction des économies demandées aux HLM, annoncée en avril 2019, permet de réchauffer le Congrès HLM de Paris plus tard cette année-là. Des craintes se portent toutefois sur une plus grande ouverture aux fonds privés du logement social, à l'occasion d'un rapport demandé par le gouvernement. Le secteur est actuellement dépendant de la Caisse des dépôts, bras financier de l'Etat, qui lui apporte l'essentiel de ses financements à partir de l'argent des Livrets A.

"C'est une reconnaissance du travail accompli"

Les bailleurs sociaux avaient unanimement exprimé leur opposition à une "financiarisation" du logement social, sans être tous fondamentalement contre l'ouverture aux fonds privés. Publié en novembre, le rapport, prudent sur le sujet, est finalement laissé de côté.

Après un congrès annulé en 2020, gouvernement et HLM se sont entendus pour signer un protocole afin de construire 250.000 logements en deux ans, en mars 2021. La venue de Jean Castex mardi a été bien accueillie.

"C'est une reconnaissance du travail accompli et de notre importance", estime à l'AFP Valérie Fournier, présidente des entreprises sociales pour l'habitat, une des fédérations de l'USH.

Le chef du gouvernement a choisi le Congrès pour présenter des mesures pour relancer la construction. "Il n'a pas annoncé un marqueur très nouveau, mais le discours arrive aussi en fin de quinquennat", estime Valérie Fournier. Des cinq ans, elle retient "des difficultés à se comprendre", même si la deuxième partie "a été davantage équilibrée". Le temps politique est très court, alors que le temps des HLM est long", note-t-elle. Et l'USH attend avec impatience le résultat de l'élection présidentielle pour entamer la renégociation de la réduction de loyer de solidarité, à l'occasion d'une nouvelle clause de revoyure prévue en 2022.

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze avec AFP Journaliste BFM Éco