Combien de logements sont-ils vacants depuis plus de 2 ans dans votre ville?

Près de 3,5% des logements du parc privé sont vacants en France. Les écarts sont parfois surprenants d'une commune à une autre.

La France compte près de 9,3% de logements vacants dans le seul parc privé (hors HLM donc). Soit 2,984 millions de logements au 1er janvier 2019. Parmi eux, 1,871 million le sont depuis moins de deux ans (soit 5,9% du parc privé) et 1,112 million depuis au moins deux ans (3,5%).

Ces chiffres proviennent d'un nouveau jeu de données, baptisé Lovac, mis en place par la Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP), qui dépend du ministère de la Transition écologique, en partenariat avec le Cerema Hauts-de-France.

Un fichier qui permet notamment d'avoir un classement plus fin des logements vacants et de distinguer ceux qui sont vides depuis moins de deux ans et ceux qui le sont depuis plus de deux ans.

Pour rappel, la vacance recouvre des situations extrêmement variées. "Un logement vacant est un logement inoccupé se trouvant dans l'un des cas suivants: proposé à la vente, à la location ; déjà attribué à un acheteur ou un locataire et en attente d'occupation ; en attente de règlement de succession ; conservé par un employeur pour un usage futur au profit d'un de ses employés ; gardé vacant et sans affectation précise par le propriétaire (par exemple, un logement très vétuste)", détaille l'Insee. Il ne s'agit donc pas de tous les logements inoccupés tout ou partie de l'année, puisque les résidences secondaires et les biens mis en location saisonnière sont comptabilisés à part.

Si de premiers enseignements à l'échelle nationale de ce nouveau fichier Lovac avaient été dévoilés en janvier dernier, le ministère a mis en ligne en open data l'ensemble des données commune par commune mercredi dernier, une première. Le Parisien, qui a déniché le fichier, dénombre ainsi par exemple plus de 400.000 maisons ou appartements vacants en Ile-de-France et dans l'Oise.

Une vacance de longue durée souvent inférieure à 2% du parc

Parmi les grandes villes, on notera que si le taux de vacance dans le parc privé est parfois élevé (12,8% à Montpellier, 11,4% à Bordeaux et Toulouse), la part des logements vacants depuis deux ans ou plus reste finalement assez limitée et en-dessous de la moyenne nationale. C'est le cas par exemple à Paris avec 9,55% de vacance du parc privé (soit 108.532 logements), dont 7,9% de logements vacants (ou 89.884 unités) depuis moins de deux ans et 1,6% (ou 18.648) depuis deux ans ou plus. Des chiffres qui avaient déjà été en partie repris dans une étude de l'Atelier d'urbanisme de Paris en octobre.

La plupart des communes de plus de 100.000 habitants comme Nice (1,5%), Bordeaux (1,7%), Nantes (1,3%), Rennes (1,6%) ou Grenoble (1,9%) affichent une vacance de longue durée (2 ans et plus) dans le parc privé sous la barre des 2%. Elle est en revanche un peu plus élevée dans d'autres villes comme Lille (3%), Saint-Etienne (4,9%) ou Nîmes (3,6%).

Il existe en revanche, parmi les villes comptant plus de 15.000 logements privés, des chiffres beaucoup plus élevés. C'est le cas par exemple des Abymes (11,6% de logements vacants depuis 2 ans ou plus), de Tarbes (10,7%), de Fort-de-France (10,2%), de Cayenne (9,9%) ou encore de Nevers (9,2%).

Et dans votre ville, quelle est le nombre de logements vacants, leur part et depuis combien de temps? Pour le savoir, recherchez le nom de votre ville dans l'infographie ci-dessous.

Le lecteur notera que les données ne sont pas totalement complètes, secret fiscal oblige. Ainsi, "les communes comptant moins de 11 logements du parc privé vacants depuis moins de deux ans et moins de 11 logements du parc privé vacants depuis deux ans ou plus n'apparaissent pas dans ces données", précise ainsi le ministère.

Des explications potentielles très variées

Comment expliquer qu'il existe autant de logements vacants en France? Difficile de se faire une idée plus précise car le fichier ne fournit pas de détails sur ce plan. Mais plusieurs éléments sont souvent avancés par les professionnels de l'immobilier. La législation qui protège les locataires serait un frein pour de nombreux bailleurs, en particulier les procédures très longues d'expulsion (2 ans ou plus) lorsque des locataires ne paient plus leur loyer. Certains propriétaires préfèreraient donc ne plus louer et attendraient le moment propice pour revendre.

D'autres explications sont également possibles. Il existe de nombreuses copropriétés en difficulté avec des logements dégradés qui ne sont tout simplement plus habitables faute d'entretien. Une part aussi de cette vacance peut s'expliquer par de la fraude fiscale, en particulier de marchands de sommeil ne déclarant pas leurs revenus et logeant des ménages dans des conditions lamentables. Des explications différentes donc mais qui se conjuguent et participent à rendre le marché immobilier compliqué d'accès pour de trop nombreux ménages.

https://twitter.com/jl_delloro Jean-Louis Dell'Oro Rédacteur en chef adjoint BFM Éco