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Location

Après le neuf et l'ancien, le marché de la location serait-il lui aussi en train de se bloquer?

Les derniers chiffres de l'observatoire Clameur sur les loyers montrent les prémices d'un blocage du marché locatif.

Tout est réuni pour que le marché de la location se grippe. D'abord, du côté de ceux qui investissent, l'observatoire Clameur constate que les loyers progressent moins rapidement que l'inflation. Ainsi, sur les 5 dernières années, à l'échelle nationale, les loyers ont progressé de 7% alors que l'inflation cumulée sur la période dépasse les 10,5%. En parallèle, les prix à l'achat ont grimpé de près de 30%.

Si on entre dans le détail, côté loyers, on voit bien que se sont les villes qui ont attiré le plus depuis le Covid qui affichent les plus fortes hausses. Sur les studios ou une pièce, la ville de Brest enregistre une hausse de près de 12% sur un an seulement. Clameur enregistre aussi +11% pour Avignon et environ 9% de hausse à Chambéry, Saint-Etienne, et Angers.

A l'inverse, il y a pas mal de villes de banlieue parisienne qui affichent parmi les plus fortes baisses de loyers: Argenteuil, Versailles, Neuilly-sur-Seine, Levallois-Perret, ou encore Saint-Maur-des-Fossés. L'accès à la propriété dans ces villes ces dernières années a forcément réduit la demande en location et provoqué des baisses de loyers. Elles restent cependant ssez relatives, avec des replis allant de 2,5 à 5% sur un an. Du côté des très grandes villes, Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nice... Là les loyers ne bougent quasiment pas.

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La durée des baux s'allonge

Mais au global, les prix ont tellement monté que Clameur ne peut que constater une baisse de la rentabilité locative moyenne. On est passé de 5,8% de rendement brut (avant charges et impôts) à l'échelle nationale il y a 5 ans à 5% aujourd'hui. Ce qui peut refroidir les potentiels investisseurs.

Du côté des locataires, Clameur constate là aussi un début de blocage. Comme une panne de mobilité ou du parcours résidentiel. Et pour cause, les loyers augmentent certes mais moins vite que les prix à l'achat. Et avec la hausse des taux qui s'est amorcée au milieu de l'année dernière, bon nombre de ceux qui auraient pu acheter restent locataires. On constate ainsi que la durée moyenne des baux s'est nettement allongée ces dernières années: pour les appartements à l'échelle nationale, il faut compter 4 mois de plus en 5 ans, et même 6 mois de plus pour les studios. C'est en Bretagne que la durée des baux s'est le plus allongée. Ils s'étalent sur un an et 3 mois de plus aujourd'hui qu'il y a 5 ans.

Moins de mobilité et donc in fine moins d'offres à la location. Résultat, et c'est le seul côté "positif" pour les bailleurs, la durée pour trouver un locataire s'est nettement réduite depuis 2018. 5 jours de moins à l'échelle nationale. Le record pour la Bretagne avec 12 jours de moins qu'il y a 5 ans et la région Pays-de-la-Loire 7 jours de moins. Notez que dans ces 2 régions, on met désormais 2 à 3 fois moins de temps qu'en Ile-de-France pour trouver un locataire.

Marie Coeurderoy