BFM Immo
Fiscalité immobilier

Taxe foncière: les propriétaires vent debout contre des hausses historiques

Dans certaines villes comme Paris, la flambée de la taxe foncière avoisinera les 60% sur un an. Les collectivités soulignent qu'elles n'ont pas le choix. Les propriétaires, eux, estiment qu'on les prend pour des vaches à lait.

L'annonce est vécue comme un coup de bambou pour les propriétaires d'un appartement ou d'une maison. La taxe foncière payable en automne devrait fortement augmenter. Il y aura d'abord les +7,1% due à la revalorisation des valeurs locatives cadastrales des biens, qui sont ajustées tous les ans en fonction de l'évolution des prix à la consommation. Avec une inflation forte, l'augmentation est importante.

Mais c'est un minimum. De nombreuses villes iront plus loin via le vote par les communes des taux qui s'appliquent pour la taxe foncière sur le foncier bâti, une taxe en forte hausse un peu partout pour compenser la baisse des dotations de l'Etat, notamment après la disparition de la taxe d'habitation pour les résidences principales. Pourtant, l'Etat avait promis de compenser cette disparition à l'euro près. Mais les communes estiment que le compte n'y est pas.

Pour rappel, afin de calculer la taxe foncière, le fisc part des valeurs locatives cadastrales auxquelles sont appliquées des abattements puis il applique plusieurs taux de prélèvement (un taux communal, un taux intercommunal et un taux départemental). C'est pourquoi dans l'absolu, même si les valeurs cadastrales gonflent, vous pouvez tout à fait avoir une taxe foncière qui baisse par le biais d'abattements plus larges ou de baisses de taux.

+59% à Paris

Reste que dans la plupart des villes, la tendance est à l'augmentation. Dans certains cas, la progression des taux votés est même très conséquente: +9% à Lyon, +25% à Grenoble et +52% à Paris par exemple. Dans la capitale, l'augmentation sera donc de 59,1% (52%+7,1%) une fois pris en compte à la fois l'augmentation des taux et l'évolution des valeurs locatives.

Sur BFMTV, Christophe Demerson, président de l'Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), ne cache pas sa colère.

"La variable d'ajustement, ça sera une nouvelle fois les propriétaires. Si on regarde sur 10 ans, l'évolution de la taxe foncière, c'est trois fois l'inflation et trois fois l'évolution des loyers", se désole-t-il.

Et de pointer un risque sociétal: "les classes moyennes ne pourront plus rester chez eux, notamment les personnes âgées. Et pour les propriétaires bailleurs c'est encore pire puisque le modèle économique explose avec des rendements négatifs sur plus de la moitié du territoire".

"Les propriétaires ont le pistolet sur la tête"

"J'entends que les budgets doivent être à l'équilibre mais le problème c'est que le budget des propriétaires n'est plus à l'équilibre, ils ont le pistolet sur la tête" ajoute-t-il.

Du côté des communes et des collectivités, on explique ne pas avoir le choix. A Metz, où la hausse des taux votée atteint 14,3%, c'était le seul moyen pour "voter un budget en équilibre" affirme sur BFMTV, François Grosdidier, Maire LR de la ville.

"Une commune ne peut pas payer ses dépenses de fonctionnement par l'emprunt, rappelle-t-il, nous avons été obligés de faire" cette augmentation. Et de mettre en avant 14 millions d'euros de recettes annuelles en moins. Sans cette hausse votée, "on ferme des crèches, des bibliothèques, des piscines".

L'édile rejette l'accusation de tout faire porter sur les propriétaires, "on le fait parce que les maires ont été dépossédés", lance-t-il.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business