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Fiscalité immobilier

Airbnb France a payé à peine plus de 200.000 euros d'impôt sur les bénéfices en 2020

INFO BFM BUSINESS. La plateforme de location saisonnière paie toujours très peu d'impôt sur les sociétés en France. Ce qui ne manquera pas d'alimenter les débats sur la taxe GAFA mise en place dans l'Hexagone et la réforme de la fiscalité des géants du numérique au sein de l'OCDE.

Les années passent et les impôts sur les sociétés payés par les géants du numérique restent toujours aussi faméliques. Airbnb France a ainsi publié ce mardi ses comptes pour 2020, comptes que BFM Business a pu consulter. Et la filiale française du géant numérique affiche seulement 204.662 euros payés l'an passé au titre de l'impôt sur les bénéfices, soit une progression de 6% par rapport à 2019 où ce montant était de 193.398 euros.

En parallèle, la filiale française du groupe enregistre un chiffre d'affaires de seulement 16,02 millions d'euros en 2020, soit +26% par rapport à 2019 (12,75 millions d'euros). Le résultat net ressort pour sa part à 546.791 euros, contre 457.765 euros l'année précédente (soit +19% sur un an).

Un simple prestataire de services

Il faut dire qu'Airbnb France fait office de simple prestataire de services pour la maison-mère européenne, qui est basée en Irlande. Concrètement, Airbnb France fournit des "services de promotion et de marketing afin de promouvoir la plateforme Airbnb en France", précisent les comptes. Airbnb Irlande, lui, récupère toutes les commissions sur les loyers et les services payés en France. Et il paie une simple prestation de marketing à Airbnb France. On précisera que ce montage est parfaitement légal, même s'il peut paraître choquant.

Car il y a une très nette décorrélation entre le chiffre d'affaires déclaré en France et le chiffre d'affaires réellement généré par la plateforme. Sur la même année 2020, Airbnb affichait par exemple 3,6 milliards de dollars de revenus au niveau mondial, d'après ses derniers résultats annuels. On notera que, vu les pertes liées à la crise du coronavirus, le groupe n'avait pas payé d'impôt au niveau mondial en 2020. Mais l'année d'avant, en 2019, le groupe avait payé globalement plus de 260 millions de dollars d'impôts et de taxes. Cette année-là, les impôts sur les bénéfices versés par Airbnb France pesaient donc grosso modo moins de 0,1% de l'ensemble des impôts et taxes payés dans le monde par Airbnb.

Paris dans le top 10 des villes pour Airbnb

Airbnb ne publie pas le détail précis sur ce que pèse son activité réelle dans l'Hexagone. Mais on sait que la zone Europe, Afrique et Moyen-Orient (EMEA) pesait 30% de ses revenus en 2020, selon les documents financiers du groupe, coté en Bourse depuis décembre dernier. Et on sait que sur ce montant, les revenus générés à Paris et dans le reste de la France sont importants. La capitale française fait d'ailleurs partie du top 10 des villes dans le monde pour Airbnb, comme l'expliquait le document transmis au gendarme boursier américain, la SEC, lors de son arrivée à Wall Street.

"Nous respectons les règles fiscales et payons l’ensemble des taxes dues dans les pays où nous opérons. Le bureau français d’Airbnb fournit des services de marketing, et paie toutes les taxes applicables, y compris la TVA. Airbnb s’acquitte également de la taxe française sur les services numériques", explique à BFM Business Airbnb.

La plateforme de location saisonnière insiste également sur la mise en place de la collecte automatique de la taxe de séjour et son reversement aux villes. "Pour la seule année 2019, nous avons ainsi prélevé et remis aux communes françaises plus de 72 millions d’euros de taxe de séjour", insiste Airbnb. Par ailleurs, le groupe transmet automatiquement les revenus des utilisateurs au fisc français depuis 2020.

Négociations en cours sur une taxe GAFA dans l'OCDE

Pour pallier les montages fiscaux comme celui mis en place par Airbnb, le gouvernement français a en effet mis en place une taxe sur les services numériques. Airbnb ne communique pas pour l'instant le montant de taxe GAFA payé au fisc mais confirme à BFM Business l'avoir payée en 2019 et en 2020.

Environ une vingtaine d'entreprises contribuent à cette taxe GAFA et elle a rapporté à l'Etat 375 millions d'euros l'an passé, selon le dernier rapport d'activité de la DGFip. Ce qui n'est pas sans agacer le gouvernement américain à Washington, alors que les négociations sont toujours en cours pour une réforme mondiale de la fiscalité des entreprises du numérique au sein des pays de l'OCDE. La finalisation d'un accord est attendue pour octobre.

https://twitter.com/jl_delloro Jean-Louis Dell'Oro Rédacteur en chef adjoint BFM Éco