Pourquoi le marché du crédit immobilier risque de ne pas se débloquer dans les prochaines semaines

Et si le déblocage tant attendu du marché du crédit immobilier n'avait finalement pas lieu? Le relèvement du taux d'usure au 1er janvier devait inciter les banques à prêter davantage en leur permettant de reconstituer un peu leurs marges sur le crédit. Sauf que même pas une semaine après, les courtiers constatent que ce n'est toujours pas suffisant.

En ce tout début d'année 2023 le problème perdure. Il semble même s'aggraver. Concrètement les coûts de refinancement des banques augmentent de plus en plus vite. Beaucoup plus vite que le fameux taux d'usure. Ce taux maximum tout compris auquel les banques sont autorisées à prêter.

Alors certes depuis le 1er janvier il flirte avec les 3,6% (3,57% pour les crédits au-delà de 20 ans) soit un demi-point de plus que le trimestre précédent, mais ce n'est toujours pas assez. Dans le contexte actuel, pour que les banques ne prêtent plus à perte, il faudrait qu'elles appliquent un taux d'intérêt moyen de l'ordre de 4%, nous disent les courtiers. Or vu le niveau actuel du taux d'usure (et le fait qu'il faille prendre en compte, outre le taux du prêt en lui-même, le taux de l'assurance emprunteur et les autres frais), impossible légalement d'aller au-delà de 3% pour les banques. Et cela restera impossible pendant encore 3 mois puisqu'on rappelle que le taux d'usure est fixé de manière trimestriel.

Le problème est que les premiers barèmes de taux des banques que reçoivent les courtiers depuis 24h-48h sont quasiment déjà au maximum. Certains sont mêmes carrément au-delà.

Des banques qui prêtent à plus de 3,5%

Mais 3% d'intérêt est-ce normal dans un tel contexte? Oui vu l'inflation. Le sujet est plutôt de savoir si on va pouvoir décrocher notre crédit, pas à combien. Le courtier Voufinancer nous a transmis mardi les barèmes d'une banque régionale pour ce mois de janvier. Elle est déjà à plus de 3,5% sur les crédits au-delà de 20ans. Autrement dit, dans cette banque on préfère ne pas prêter du tout plutôt que de prêter à perte.

Le courtier en ligne Bankstore nous dit, lui, que sur tous les dossiers en attente depuis décembre et qui auraient dû être acceptés après relèvement du taux d'usure, encore 80% ne peuvent toujours pas passer.

Des régions plus touchées que d'autres

Alors ça ne veut pas dire que le robinet du crédit est complétement fermé. Sachez que la moyenne des taux sur 20 ans des nouveaux barèmes pour janvier est à 2,90%. Cela passe. Et que certaines banques proposent même 2,43% pour les meilleurs dossiers.

Le courtier Empruntis essaie d'ailleurs de relativiser un peu et nous dit que la problématique du taux d'usure concerne certaines régions plus que d'autres. L'Ile-de-France et la région Auvergne-Rhône Alpes restent les plus touchées.

Le marché n'est donc pas encore complétement bloqué. Mais ne vous y trompez-pas, un blocage n'est pas à exclure ces prochaines semaines et quoi qu'il arrive vous allez devoir sacrément négocier pour décrocher un crédit et ce au moins jusqu'à l'été.

Marie Coeurderoy