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Crédit immobilier : seulement 1% des emprunteurs principaux sont en CDD

Les emprunteurs qui ne sont pas en CDI sont peu nombreux

Les emprunteurs qui ne sont pas en CDI sont peu nombreux - Pixabay

Avec le durcissement des conditions d'octroi de crédits immobiliers et la crise sanitaire, les CDD, intermittents, créateurs d'entreprise, … peinent de plus en plus à emprunter. En 2020, seuls 1,2% des emprunteurs principaux sont en CDD, selon Vousfinancer. 6% des emprunteurs sont des indépendants.

En 2020, le durcissement des conditions d'octroi de crédit immobilier (avant un assouplissement en fin d'année) a, encore un peu plus, pénalisé les emprunteurs qui ne sont pas en CDI. Au sein de son réseau, le courtier Vousfinancer constate que seulement 1,2% des emprunteurs principaux étaient en CDD en 2020 contre 1,3% en 2019 et 1,7% en 2018.

"Un chiffre bien loin de la réalité du marché du travail en France puisque 87% des embauches se font en CDD. Et même si au total seuls 12% des employés en France sont en CDD, ils sont sous-représentés parmi les emprunteurs en raison de deux freins majeurs pour les banques: 83% des CDD sont signés sur des durées inférieures à un mois (contre 57% en 1998), et seul 1 CDD sur 5 devient un CDI au bout d’un an contre un sur 2 en 1982", déplore Vousfinancer, qui cite les données issues d'une étude de la Dares publiée en 2018 ("CDD, CDI : comment évoluent les embauches et les ruptures depuis 25 ans?"), avec des données arrêtées en 2017.

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L'accès au crédit de plus en plus compliqué pour les CDD

Lors d'un emprunt à deux, la part des CDD est plus élevée chez les co-emprunteurs car ils empruntent avec une personne en CDI. En 2020 chez Vousfinancer, 3,2 % des co-emprunteurs sont en CDD (79% sont en CDI), un chiffre également en baisse (4,90% en 2018 et 5,2% en 2017). Les prêts accordés à deux CDD sont quasiment une exception, puisque 0,2 % des emprunteurs seulement sont concernés (contre jusqu'à 0,90% en 2017).

Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer, constate que les chiffres évoluent peu et de manière défavorable. "Paradoxalement, alors que les taux n’ont cessé de baisser ces dernières années, l’accès au crédit des CDD s’est dégradé, en particulier depuis 2 ans. Les taux historiquement bas ne permettant pas de couvrir le coût du risque, ils pénalisent finalement ceux qui voudraient emprunter avec un dossier hors norme…". Evidemment, la crise n'a pas aidé: "En 2020, la crise sanitaire a davantage touché tout un pan de l’économie - le tourisme, la restauration ou l’évènementiel – très employeur de CDD, ce qui rend ce type d’emprunteur fragilisé encore plus risqué pour les banques actuellement".

Les travailleurs non-salariés s'en sortent mieux

Reste le cas particulier du chômage partiel. Actuellement, il est possible de financer des emprunteurs au chômage partiel, mais avec difficultés. Selon les résultats d’une enquête interne au réseau Vousfinancer, près de 60% des agences y parviennent, sous conditions et 30% uniquement lorsque la période de chômage partiel est terminée. Seulement 10% des agences du réseau n’ont actuellement pas de solution pour ces emprunteurs auprès de leurs partenaires bancaires.

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Les travailleurs non-salariés ou TNS (auto-entrepreneurs, chef d’entreprise, artisans, commerçants et professions libérales) s'en sortent mieux que les CDD, dès lors qu'ils ont 3 ans de bilan. 6% des emprunteurs sont des indépendants, (contre 5,1 % en 2019 et 6 % en 2018), alors que les retraités ont diminué (2% des emprunteurs seuls, contre 3,3% en 2019). "Cette hausse des TNS peut s’expliquer par le fait que les professions libérales - médicales notamment - qui n’ont pas ces difficultés à emprunter, ont été plus nombreuses à le faire", explique Vousfinancer.

Une année compliquée s'annonce

Et pour 2021? 63% des courtiers Vousfinancer ont le sentiment que cette année, dans le contexte actuel, les banques sont encore plus réticentes à financer des profils "hors CDI" que ces dernières années. 27% jugent qu’il n’y a pas d'évolution et que c’est aussi compliqué qu’avant. Seuls 10% trouvent qu’en ce début d’année, les banques acceptent de financer quelques-uns de ces profils, sous conditions. Les dossiers les plus complexes à financer sont les créateurs d’entreprise (27% des réponses), les intermittents du spectacle (21%) et les auto-entrepreneurs à égalité avec les CDD (19%)

Diane Lacaze