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Construction

Une "faillite politique": le batîment fustige le rôle de l'État dans la chute de la construction

Les mises en chantier ont plongé en 2023 et l'effondrement va se poursuivre cette année. Les conséquences: des emplois détruits, du chiffre d'affaires en moins et pour l'Etat 1,7 milliard d'euros de TVA en moins.

L'effondrement du logement neuf se poursuit avec la chute des mises en chantier en 2023, "sans espoir d'amélioration" compte tenu du plongeon des ventes, a déploré la Fédération française du bâtiment (FFB), qui dénonce une "faillite politique". "80.000 logements en moins entre 2022 et 2023, c'est des milliards d'euros de chiffre d'affaires en moins (...). L'État, en TVA, a perdu 1,7 milliard d'euros et c'est aussi 13.300 emplois en moins", a déclaré son président Olivier Salleron lors d'une conférence de presse.

Le nombre estimé des mises en chantier a chuté de 24,6% sur 12 mois et celui des permis de construire de 23,4% sur la même période, selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Transition écologique.

"On ne sait pas où ça va s'arrêter", a commenté le patron de la FFB, pointant une "politique du logement sans aucune planification, à la petite semaine, qui entraîne le bâtiment dans la récession".
Le coup de main immobilier : Logements neuf, les prix de mise en vente commencent à baisser - 19/11
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"Tableau catastrophique", a déploré Olivier Salleron, "les ventes aux particuliers sont quasiment divisées par deux par rapport aux 16 dernières années et ce sur tous les segments, le logement individuel ou collectif". La construction de bâtiments non-résidentiels neufs (hôtels, commerces, bureaux, administratif) est également au plus bas.

90.000 emplois détruits fin 2024

Seule l'amélioration-entretien, portée notamment par la rénovation énergétique, tire son épingle du jeu, même si un ralentissement est apparu fin 2023. Saluant la décision du gouvernement de reporter à 2025 le recentrage du dispositif MaPrimeRénov' sur les rénovations lourdes, Olivier Salleron a estimé que "sa complexité avait entraîné une baisse de 75% de sa production en janvier et février 2024", par rapport à l'an dernier.

Côté emploi, la FFB maintient sa prévision de 90.000 emplois détruits fin 2024 puis 150.000 mi-2025. "Même nos artisans qui faisaient quelques maisons individuelles par an ne les font plus", a alerté Olivier Salleron.

"Les entrepreneurs du bâtiment ont une colère rentrée, vexatoire (...) qui peut être explosive. Déjà quelques uns de la Fédération ont fait des actions de rue", a-t-il souligné.

Seules bonnes nouvelles: les coûts des matériaux et de l'énergie "se stabilisent" et les délais de paiement des clients "semblent se réduire".

Parmi les mesures réclamées, la FFB souhaite le rétablissement du prêt à taux zéro (PTZ) en vigueur en 2023, un assouplissement des règles du crédit, le remplacement du dispositif d'investissement locatif Pinel voué à disparaître fin 2024, ainsi que le report de 2025 à 2028 du calendrier d'application de la réglementation environnementale RE2020.

D.L. avec AFP