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Le logement neuf s'enfonce dans la crise, les promoteurs demandent une aide exceptionnelle

Les chiffres que vient de publier la Fédération des promoteurs immobiliers sont particulièrement inquiétants. En 2022 le nombre total de leurs ventes a baissé de près de 25%. La FPI demande une mesure fiscale "exceptionnelle, de courte durée".

La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a appelé le gouvernement à mettre en place une mesure fiscale "exceptionnelle, de courte durée" pour faire face à la chute de l'activité dans l'immobilier neuf. "On n'a jamais eu une année aussi mauvaise", a déploré en conférence de presse le président de la FPI, Pascal Boulanger.

"Nous vivons, depuis décembre, à la fois une crise de l'offre et une crise de la demande", a regretté Pascal Boulanger. "Je pense qu'il est temps de proposer une mesure fiscale courte, d'exception", a-t-il avancé. "Elle pourrait démarrer le 1er mai et s'arrêter le 31 décembre, parce que la machine est totalement grippée, en panne. C'est ça, notre demande: à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle", a-t-il ajouté.

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Il a cité en exemple un prêt à taux zéro "amplifié", une TVA abaissée pour les propriétaires occupants... ou l'exonération des droits de succession sur les logements neufs achetés, une mesure déjà prise en 1993-94 sous le gouvernement d'Edouard Balladur. "Je sais, ce n'est pas dans l'air du temps", a-t-il dit, reconnaissant que cette dernière mesure risquerait de surtout bénéficier aux plus riches. "D'accord, mais qu'est-ce qu'on fait? Là, on est en panne!"

Des chiffres en chute libre

Pris entre des coûts de construction qui ont grimpé et un pouvoir d'achat des acquéreurs en baisse, du fait de la hausse des taux d'intérêt, les promoteurs ont vu, fin 2022, leurs ventes dégringoler. Sur l'ensemble de l'année 2022, les réservations de logements neufs enregistrées par la FPI ont baissé d'un quart (24,6%), et même de plus d'un tiers (36,3%) au quatrième trimestre. Leur niveau est inférieur à 2020, année déjà exceptionnellement atone du fait de la pandémie et des confinements.

Tout flanche. Les ventes aux institutionnels et bailleurs sociaux, ce qu'on appelle les ventes en bloc, reculent de près de 37% sur un an. Les ventes aux particuliers, elles aussi, s'effondrent: baisse de plus de 13% du côté des propriétaires occupants, ceux qui achètent pour y vivre. Et une baisse deux fois plus forte du côté des investisseurs, ceux qui achètent pour mettre en location. Ils ne représentent plus que 43% des ventes aux particuliers. Ça n'a l'air de rien mais la dernière fois que la part des investisseurs était descendue à un si faible niveau c'était en 2013-2014 au moment du dispositif Duflot.

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Des prix en hausse

Clairement c'est une crise de la demande qui frappe désormais le logement neuf. En cause, évidemment, la hausse des taux d'intérêt et l'érosion du pouvoir d'achat immobilier. Crise d'autant plus forte qu'elle s'ajoute à une autre crise: celle de l'offre. Inflation des coûts de construction, difficulté à obtenir les permis de construire et l'appui des banques, de plus en plus de promoteurs sont obligés de geler le lancement commercial de leurs opérations. Les mises en ventes reculent ainsi de près de 8% sur un an et globalement le niveau de l’offre nouvelle de 2022 est à un plus bas depuis 2015.

Hausse des coûts de construction, baisse de l'offre, les prix continuent d'augmenter ce qui accroit de fait cette crise de la demande. Les prix ont progressé de 4,8% au niveau national sur un an, avec dans le détail :

  • Brest +19,8%
  • Le Mans +16,2%
  • Nice +10,7%
  • Reims +10%
  • Grenoble : +9,3%
  • La Rochelle +8,8%
  • Montpellier +8,6%
  • Strasbourg +7,8%
  • Rouen +7,7%
  • Toulouse +7,3%
  • Lille 7%

Les plus faibles hausses sont en Ile-de-France avec +2,1% et à Aix-Marseille +2,2% sachant que dans ces secteurs, on oscille déjà autour des 5.000 euros du mètre carré.

Marie Coeurderoy avec AFP