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Construction

Ces constructions de logements mises à l'arrêt à cause de la hausse des coûts

Les mises en vente de logements neufs ont plongé. "Au moins les trois quarts" de cette baisse viennent de la frilosité des maires à octroyer des permis de construire, selon la FPI. Mais "arrive un nouveau phénomène qu'on commence à voir très sérieusement, (...) c'est que beaucoup de promoteurs stoppent des opérations pour des raisons économiques".

L'envolée des coûts de construction commence à peser sur la production de logements neufs, a prévenu jeudi la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) lors de son point trimestriel. Au deuxième trimestre en France, les mises en vente de logements neufs, indicateur-clé de l'activité des promoteurs, a baissé d'environ 11% par rapport à 2021, selon les données de la FPI.

"Au moins les trois quarts" de cette baisse viennent de la frilosité des maires à octroyer des permis de construire, a soutenu le président de la FPI Pascal Boulanger, reprenant un grief récurrent des promoteurs depuis plusieurs années.

Pourtant, lorsqu'on regarde les données du ministère du Logement, le nombre de permis de construire est à un niveau supérieur à son pic de 2017, avec 507.000 logements autorisés à la construction d'août 2021 à juillet 2022 (+11,8% par rapport aux 12 mois précédents). Si on met de côté les logements individuels purs (les maisons) ou groupés (les programmes de plusieurs maisons), on enregistre 242.100 logements collectifs autorisés sur 12 mois (+15,2% par rapport aux douze mois précédents). Même sur les trois derniers mois (de mai à juillet), on constate une progression des logements collectifs (y compris en résidence) autorisés (+21,3% sur un an et +2,2% par rapport à la période février-avril 2022).

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Par ailleurs, "arrive un nouveau phénomène qu'on commence à voir très sérieusement, (...) c'est que beaucoup de promoteurs stoppent des opérations pour des raisons économiques", souligne la FPI. "Ils ont leur permis, il est purgé de tout recours, (...) ils ont une commercialisation qui démarre et qui est plutôt bonne, et puis ils ont les réponses à leurs appels d'offre, et là, ça ne passe pas."

"C'est vraiment un problème économique"

"C'est vraiment un problème économique : on a commencé à vendre, on a fait des estimations avec les maîtres d'oeuvre, on dit 'le coût de construction va être de tant', et quand on s'y met, les prix de revient s'envolent", a déploré Pascal Boulanger.

Les coûts de construction grimpent depuis 2020, du fait de la perturbation des chaînes d'approvisionnement en matériaux sous l'effet de la pandémie, et de la flambée des prix de l'énergie aggravée par la guerre en Ukraine.

Du côté des réservations de logements, indicateur de la demande, la baisse est très nette (-24,3% sur un an) et surtout du fait des investisseurs. Elle est beaucoup moins marquée pour les particuliers accédants. Les bailleurs sociaux ont notamment beaucoup freiné leurs commandes, là aussi à cause de la hausse des coûts des chantiers. "Souvent, dans les territoires, il existe des chartes imposées par les collectivités aux bailleurs sociaux qui plafonnent le prix d'acquisition de logements", a expliqué Didier Bellier-Ganière, délégué général de la FPI.

Or, avec la hausse des coûts, "parfois, on est au-dessus de ces plafonds, et donc les ventes ne se font pas, ou alors c'est bien plus long, il faut négocier, revoir ses chartes..." Les prix de vente moyens au mètre carré ont eux flambé hors région parisienne, +6,8% en un an, tandis qu'ils semblent se stabiliser en Ile-de-France (+2,5%) où ils restent néanmoins beaucoup plus élevés.

Le fait que de plus en plus de dossiers de crédits immobiliers soient refusés à cause du taux d'usure freine également la demande, que ce soit dans l'ancien comme dans le neuf.

D.L. avec AFP