Bâtiment: la spirale infernale de certains artisans pour financer leurs chantiers

Alors que la crise de l'immobilier neuf se durcit, certains artisans flirtent avec l'illégalité pour s'en sortir.

Où va le secteur de la construction? Alors que l'inquiétude monte autour des logements neufs, la fédération des entreprises du bâtiment a récemment sonné l'alerte, évoquant la disparition possible de 100.000 emplois d'ici la fin de l'année prochaine. Mais la crise semble encore plus profonde.

Selon les informations recueillies par BFM Business, de plus en plus de chantiers sont mis en pause par des artisans, faute de trésorerie suffisante. Des artisans qui s'engagent dans une spirale infernale, une sorte de "pyramide de Ponzi du bâtiment".

Un acteur du secteur raconte ainsi comment un nombre toujours plus important d'entreprises gèrent de plus en plus dangereusement leur activité pour tenter de s'en sortir. Le schéma est le suivant : un premier chantier laissé à l'arrêt faute de trésorerie, un deuxième lancé, souvent sans marge, pour tenter de boucler le financement du premier, et ainsi de suite.

Les difficultés s'accumulent

Il faut dire que les difficultés s'accumulent pour les artisans. Les coûts de certains matériaux sont repartis à la hausse comme les tuiles, les produits céramiques, le verre et surtout le béton prêt à l'emploi (+17,2% sur les deux premiers mois de l'année). Et puis, il y a les difficultés d'accès au crédit immobilier. Or, de nombreux acheteurs incluent souvent une enveloppe travaux dans leur emprunt.

La situation est telle que la plateforme Hemea, spécialisée dans la rénovation, met en garde les particuliers de ne pas se laisser séduire par des devis anormalement bas, qui témoignent en réalité de la fragilité des sociétés. Fragilité qui apparaît d'ailleurs dans les derniers chiffres de la Banque de France : les défaillances d'entreprises de la construction sont en hausse de 45,4% sur un an au 1er trimestre 2023.

Marie Coeurderoy